4 juillet 2022, fête nationale américaine ; je prends la décision d'aller voir en avant-première le film qui va certainement exploser tous les compteurs du box-office outre-Atlantique et qui déjà crée une vague nihiliste TikTok Orange Mécanique où des trolls en costard cravate se faisant appeler "Gentleminions" troublent l'ordre public en hurlant "BANANA" à tout-va. La première question à se poser est pourquoi moi, un intellectuel anticonformiste de 32 ans adepte de films d'auteur et n'éprouvant que mépris pour le cinéma populaire (surtout Top Gun) va voir un long-métrage comme Minions 2 : The Rise of Gru. Probablement parce que je suis tellement anticonformiste que je ne me conforme pas à ma propre idéologie. Mais trêve de tergiversations, passons à l'analyse de l'objet filmique.
Premier constat : dans Minions 2, il y a un scénario mais il n'y a pas d'histoire. Entendez par là que quelqu'un a écrit le déroulement du film sur une feuille de papier mais qu'à l'écran rien n'est conté, rien n'est transmis. Le spectateur a juste droit à une succession de sketchs sans grand liant ce qui sectionne toute attache au contenu et fera que l'œuvre tombera aux oubliettes mémorielles dans les 48 heures.
Deuxième constat : le film manque cruellement de ciblage narratif et est éclaté en de trop nombreuses intrigues. Kyle Balda ne sait de toute évidence pas sur quel pied danser et ce qu'il veut raconter. En tout cas si le but était de nous parler de l'enfance de Gru et de sa vocation pour le mal, c'est raté. D'autant plus que Gru enfant n'a ni le charisme ni la puissance comique de Gru adulte. Dès qu'il prend la parole, on s'ennuie ferme.
Troisième constat : La mythologie fantastique du zodiaque chinois et le groupe de super-vilains sont méchamment sous-exploités. C'est vraiment dommage parce qu'avec une religieuse armée d'un nunchaku, JCVD nanti d'une pince de homard en guise de bras droit et une leader Black Power badass à la coiffure afro, il y avait un énorme potentiel.
Quatrième constat : l'humour slapstick des Minions ne tient pas sur 90 minutes, à vite fait de lasser et peine à se renouveller (allant même jusqu'à pomper le gimmick des yeux implorants du chat potté). Aussi, j'ai lu une critique décrivant les tribulations présentes comme frénétiques et hyperkinétiques... Bof, quoi. Les Mitchell contre les machines est un film d'animation à l'action survitaminée, ici c'est plutôt lénifiant et poussif et les passages avec Gru et Will Karnage cassent le rythme.
Constat final : hormis les références parodiques aux films cultes des années 70-80 (Indiana Jones, James Bond, L'exorciste, Game of Death etc.) et la BO surprenamment excellente, ce deuxième spin-off de Despicable Me n'a pas grand-chose à offrir en termes d'inventivité et de drôlerie. L'argument "les enfants vont aimer" n'est pas recevable vu que les mioches aiment tout.
Notons que le film m'a quand même surpris et a outrepassé mes attentes. En effet, j'ai rigolé 2 fois durant la projection (ce qui le rend deux fois plus drôle que le Buzz l'éclair d'Angus MacLane). Merci Stuart, meilleur Minion.