Du Lelouch à la louche...
De mémoire, Les misérables est le seul bouquin qu'ait adapté Claude Lelouch. Mais, bien entendu, il a appliqué son style à l'histoire en la transposant en partie durant le 20eme siècle et le 2eme guerre mondiale.
Alors, bizarrement, ce qui est plus ou moins adapté du roman de Victor Hugo est moins intéressant, malgré une très belle interprétation de Belmondo (son dernier grand rôle), omniprésent dans l'histoire, pour ensuite se concentrer sur la guerre et les divers "avatars" de Jean Valjean/Henri Fortin.
Alors, c'est très inégal, le casting est assez hétéroclite, entre William Leymergie et Clémentine Célarié, en passant par Ticky Holgado et Jean Marais, Micheline Presle et Michel Boujenah, où ce dernier est catastrophique et donne plus envie de rire. Malheureusement, il prend beaucoup trop de place dans l'histoire en Juif caché, et réussit à faire sombrer à lui seul le film.
Mais généralement, si on retient ce film, c'est grâce à Annie Girardot, dont l'interprétation est proprement bouleversante ; c'est un second rôle, mais ce qu'elle y est fait est magnifique, à l'image de son monologue, où la réalité de la femme et de l'actrice se confondent douloureusement. Là on peut dire qu'elle n'avait pas volé son César du second rôle.
Le compère habituel Francis Lai est là aussi pour la musique, mais manque de pot, elle est noyée, et elle est tellement forte qu'elle en couvre les scènes d'action (comme celle où Belmondo va détruire un bunker), elle nous est vraiment assénée avec la subtilité d'un marteau piqueur.
J'ai de plus en plus l'impression que Lelouch se débrouille mieux dans ses petits films, quand il est en état d'urgence, que quand il se lance dans des grandes fresques boursouflées. Et même si il faut saluer son désir de modifier de fond en comble le roman de Victor Hugo en le transposant à diverses époques, et où Javert y a aussi sa place, inattendue, c'est quand même loupée.