Les Mitchell Fourniraient

Quand deux trublions issus de l'immense dessin animé "Gravity Falls" s'attaquent à leur premier long-métrage, ça promet tout en restant quelque peu effrayant. On frémit d'autant plus quand le film de l'égérie Sony Pictures, auréolée de son succès avec Spider-Man : Into the Spider-Verse, est déplacé des salles obscures pour atterrir chez Netflix. Et puis il y a ce pitch peu attrayant qui nous raconte une invasion de machines contrôlées par une intelligence artificielle devenue méchante. Pas de quoi sauter au plafond. Sauf que...

Sauf qu'en dépit de légers soucis de rythme et de facilités en fin de bobine un brin ringardes, le film déborde d'inventivité. Particulièrement impersonnel, brassant ô combien de notes et de références, de 2001 à Tron Legacy en passant par Kill Bill et Invasion Los Angeles, avec des personnages éculés, un scénario classique et même un chara-design aux airs de déjà-vu, le long-métrage parvient à nous en mettre plein la vue et — plus encore — à nous émerveiller, chose rare aujourd'hui.

C'est simple : Les Mitchell contre les machines va à 100/h, ne se repose que très rarement et, à l'image d'un Brad Bird, enchaine les idées à la seconde, qu'elles soient visuelles, scénaristiques ou humoristiques. D'une générosité ahurissante, le produit final réussit le tour de force d'amuser les petits comme les grands, de délivrer un message finalement pas si balisé qu'il n'en a l'air et de revenir, progressivement, à une 2D intemporelle. Car s'il reste un film 3D, les textures proches de Into the Spider-Verse, la multitude d'onomatopées et de trouvailles graphiques nous font vite oublier que nous avons affaire à un amas de CGI vieillissant à vue d’œil.

Aussi simpliste, imparfait voire fatigant que foncièrement intelligent et sans nulle objection travaillé, Les Mitchell contre les machines est une réussite surprenante, un long-métrage d'une rare qualité et une meilleure prévention des dangers de l'addiction virtuelle que n'ont pu le faire ceux de Disney ou même Spielberg.