Days of Heaven se savoure comme un poème mis en image. L'histoire est simple, certains diront simpliste, changée en cours de tournage. Elle est tout en suggestions, en non-dits et il est fréquent de ne pas entendre ce que se murmurent les protagonistes tandis que la voix de la narratrice, frêle et éraillée, nous éclaire un peu plus.
L'image est belle, sublime, éthérée, dans ces longs plans larges des champs de blé du Texas, l'ambiance steinbeckienne, les gestes las des travailleurs. Au milieu des champs, se dresse cette grande maison isolée, inspirée de Hopper, nue et incongrue.
Le film se déroule le plus souvent entre chien et loup, quand le ciel est en feu puis d'un profond bleu lapis lazuli. Sans oublier la scène saisissante où un tracteur aux allures de monstre surgit des flammes dans la nuit. Ce n'est pas pour rien si Nestor Almendros a reçu le prix de la photographie et Malick celui de la mise en scène à Cannes.
Assurément l'un des plus beaux films tournés, où de simples images peuvent émouvoir là où d'autres œuvres doivent déployer tout un arsenal de musiques, de dialogues, d'acteurs et d'histoires.