Il paraît que ce film, pourtant récompensé à Cannes à l'époque, fut un échec commercial, ce que j'ai du mal à croire tant je suis encore sous le choc d'une réalisation qui est un véritable poème visuel : des plans d'une beauté qui laisse pantois, le chef opérateur n'étant autre que le génial Nestor Almendros.
Le frémissement du vent dans les champs de blé, les grandes étendues filmées au soleil couchant, les insectes et les animaux dans leur intimité naturelle contribuent à cette vision panthéiste, à cette ode élégiaque dans laquelle nous entraîne le cinéaste; peu de dialogues, des personnages qui se fondent dans le décor sur la voix off de Linda la jeune soeur de Bill : un Richard Gere, visage lisse et boucles brunes dont la carrière commençait.
L'histoire? On est au début du XXe siècle, et la lutte des classes est plus âpre que jamais : les riches et les pauvres, les miséreux devrait-on dire, ceux qui triment du matin au soir comme Bill, sa jeune soeur Linda, et Abby, Brooke Adams, très expressive, la petite amie du jeune homme.
Après Chicago dans l'enfer de l'usine, ils vont connaître les plaines du Texas et les travaux harassants dans les champs.
Mais Abby est belle, et le riche propriétaire des lieux, Sam Shephard intense, jeune fermier seul et condamné à court terme, n'est pas indifférent à ses cheveux noirs, son regard sombre et sa bouche tombante, si sensuelle.
Un duo qui, contre toute attente se transforme en triangle amoureux avec les drames qui vont s'ensuivre dans un contexte de jalousie, de vengeance et de violence.
Un film qui m'est apparu personnellement comme un chef-d'oeuvre : sublime!