La photographie est magistrale. Fonderie, champs de blé à l'heure bleue, visage tanné par le soleil texan, elle saisit, fige et sublime la matière. Une locomotive sillonne les terres américaines; elle amène Bill, Abby et Linda vers un domaine du Texas faire les moissons. Un portail - bien plus symbolique que fonctionnel - marque l'entrée des travailleurs dans la ferme. Le film est une ode à la terre, au travail des champs, joyeux et collectif, à la lumière. Les moissons portent néanmoins leur lot de peines: éprouvantes, causant des séparations douloureuses, elles sont aussi soumises aux invasions de parasites. Comme un échos au fléau biblique, les sauterelles envahissent les blés et mettent la récolte à sac. Elles signent la fin de ces jours sacrés pour les personnages.
Il faudrait aussi parler du triangle amoureux entre Bill, Abby et le fermier. La jeune femme l'aime-t-elle? Ou, est-ce par opportunisme et réalisme qu'elle reste avec lui? Son amour est peut-être le signe d'une passion qui se meut en un conformisme de propriétaire terrienne. Ce n'est que lorsque la récolte est saccagée qu'elle reprend (à son désarroi?) l'existence de l'enfant sauvage, marginale et fugitive.
Scène intéressante: le moment où Bill est sur le point de tirer sur le fermier. Moment magique.