Les Mondes de Ralph
6.7
Les Mondes de Ralph

Long-métrage d'animation de Rich Moore (2012)

Ma foi, quelle agréable surprise ! De par sa nature hautement référentielle, il était à craindre que Wreck-It Ralph cède aux sirènes de la rente, par le biais d’un usage pervers de son contenu populaire : s’il conviendra de nuancer cet état de fait, il s’avère donc que cette production Disney est un cru des plus plaisants, à la croisée de ce que fut Toy Story et de ce que sera Vice-Versa.


N’y voyez toutefois pas une comparaison malhabile, le long-métrage de Rich Moore tenant lieu de divertissement sympathique là où ces derniers sont d’indéniables chefs d’œuvre, mais le parallèle fait sens : le cadre imaginaire et ludique des jeux d’arcades n’est pas sans rappeler celui de Woody et Buzz, tandis que sa transposition fait également écho au centre de commande (et son background) de Riley ; sans pour autant en égaler la richesse créative, Wreck-It Ralph en rajoute une couche au moyen d’une thématique identitaire nullement feinte, l’accomplissement et l’acceptation du soi occupant une place de choix au sein d’une intrigue maligne.


L’écriture des personnages principaux abonde en ce sens, la simplicité de leurs motivations respectives mêlant cohérence et, paradoxalement, un approfondissement plus étoffé qu’il n’y paraît : doté d’un charme des plus certains, cette galerie haute en couleurs outrepasse donc un carcan enfantin au profit de cette fameuse quête intérieure, un parcours mouvementé et surprenant où l’étiquette va perdre de son emprise.


Plus globalement, le récit réserve son lot de rebondissements bien sentis, une énième preuve de la direction intelligente qu’emprunte de bout en bout ce périple dynamique, comme pouvait l’être l’usage de Turbo ; son envers fantasmé autorise également des usages plus fous les uns que les autres, Wreck-It Ralph combinant avec un certain brio une pléthore de clins d’œil au service d’une ambiance récréative... mais sans jamais se départager d’une teneur plus mature qu’escomptée.


Naturellement, le tableau n’est point exempt de tout reproche, le film flirtant avec de regrettables écueils : d’entre tous, sa signature formelle est tout juste correcte, un comble au regard du potentiel sans limite qu’offrait pareil mashup d’univers vidéoludiques. Si le chara-design des diverses figures est probant, c’est le sens du détail qui semble faire défaut, les plans larges et autres paysages paraissant pauvres en périphérie de ces mêmes protagonistes : rien de rédhibitoire fort heureusement, mais le fait est que l’immersion en pâtit un peu.


Pour le reste, si l’on pourra se réjouir que Wreck-It Ralph ne succombe pas à la tentation du fan-service vampirique, le mot d’ordre est à l’entre-deux : l’utilité fluctuante de telle ou telle apparition ne rend que trop peu hommage aux poids lourds de l’industrie, tandis que de flagrants placement de produits assombrissent la sincérité de pareille entreprise. Certes, leurs intégrations demeurent de bonne facture en termes d’apports au récit, mais il est indéniable que le long-métrage navigue bien souvent sur la corde raide... quand il s’agit du plan de l’honnêteté cinématographique.


Tout de même, Wreck-It Ralph révèle de beaux atouts, de quoi occulter ses penchants lucratifs au profit du fond : à juste titre, celui-ci rend compte d’une intrigue bien ficelée, nullement avares en péripéties et autres variations de ton, pour un résultat des plus plaisants. Nul ennui ni grimace fatale au détour de ce film d’animation très divertissant donc, qui aura exaucé mon souhait (du fun et un tant soit peu de sérieux).

NiERONiMO
7
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le 8 oct. 2017

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NiERONiMO

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