Retro : a cool way to say old
Ralph, le Bad Guy du jeu "Fix it Felix Jr." datant du début des années 80 en a marre d’être traité comme un méchant. Pour changer cela, il décide d'aller chercher une médaille dans un autre jeu, certain que ce symbole changera la façon dont les autres le regarderont.
Wreck-it Ralph est un film d'animation de Disney totalement ancré dans la culture "jeu vidéo" et plus précisément des bornes d'arcade, tous ces jeux étant des bornes d'arcade reliées par une multiprise électrique faisant office de portail. Les références ne sont même plus des références mais des états de fait : Q-bert côtoie Ralph, Sonic fait une apparition, il y a une réunion des Bad Guys Anonymes avec Dr Eggman, Bowser, Zangief, Pinky,... et on a même droit à une manette NES (mais c'est la seule référence à un jeu Nintendo avec Bowser). Honnêtement, tout gamer qui se respecte ne pourra qu'être charmé par la pléthore de personnages de ses univers préférés présents dans le film.
Mais évidemment, pour des questions de droits (déjà rien que là, ça a dû leur coûter une petite fortune) et de liberté scénaristique, les héros sont tous des créations originales. Ralph, Felix, Vaneloppe King Candy ou Tamora sont la colonne vertébrale avec les univers de leurs jeux respectifs : Fix it Felix Jr (rappelant Donkey Kong un peu), Sugar Rush (clone acidulé de Mario Kart), Hero's Duty (FPS futuriste).
Le fond de l'histoire est d'une banalité affligeante : un anti-héros veut être aimé et va vivre une aventure pleine de rebondissements et se lier à un autre anti-héros pour parvenir finalement à un dénouement plus grand que prévu. Ici, ce sont Ralph et Vanellope qui font office d'anti-héros. Ce couple improbable qui commence par se détester avant de réviser leur jugement fait évidemment penser à Kuzco et Pasha. L'histoire de Tamora venant se greffer pour ajouter du peps à l'intrigue initiale. Pour moi, c'est un peu inséré aux forceps car les liens sont presqu'inexistants. C'est comme si un producteur avait lu le 1er jet et leur avait demandé d'ajouter une sous-intrigue "bigger than life" ! Tamora, interprétée par Jane Lynch dans une interprétation calquée sur celle de son personnage de Coach Sue dans Glee, est une guerrière programmée pour tuer mais auquel s'attache un lourd passé. Ce détail me fait penser que le film effleure du doigt la condition de personnage fictif de toute œuvre : ce sont les créateurs qui infligent son triste passé à Tamora et pour plaire à des joueurs pour une malheureuse pièce, elle traîne psychologiquement un drame. C'est aussi le cas des SDF qui sont obligés de rester dans le hub centrale (la multiprise) car leur jeu n'ayant plus de succès, leur borne a été enlevée.
Il est de même intéressant de se pencher sur les choix des genre de jeux utilisés.
Il devait forcément y avoir du retro sous forme d'un jeu d'arcade des années 80. Effectivement, ça résume bien l'état d'esprit et des jeux connus par les scénaristes à mon avis.
Ensuite, il y a un FPS et un jeu de course. Les dizaines de millions d'exemplaires de Call of Duty et de Mario Kart vendus tous les ans ont-ils été l'unique cause d'utilisation de ces genres ? Ou alors était-ce juste pour faire un jeu de mots sur "doody" ?
Ce que je trouve dommage, c'est qu'utiliser le genre du jeu de courses fait forcément penser à Cars dont 2 épisodes ont déjà été produits ou même Speed Racer. Parmi tous les genres de jeu existant, j'aurais aimé en voir un autre. Certes c'est lié à l'histoire des jeux dans le film mais il aurait également suffit de changer le genre pour "Turbo".
Cette remarque mise à part, le film respecte bien les différents codes des genres : l'animation des personnages secondaires de Fix it Felix est saccadée, il y a des passages secrets dans Sugar Rush,... il y a même la représentation du joueur dans Hero's Duty sous la forme d'un robot composé d'un écran sur roulettes tenant une arme. Techniquement, Wreck-it Ralph est tout à fait dans la norme actuelle pour les films en image de synthèse mais il s'ancrent particulièrement bien dans les designs des différents jeux. En fait, de par son thème, je trouve que ça touche une corde sensible. Cependant, plus objectivement, sans ça, il ne casserait pas 3 pattes à un canard de Duck Hunt !