Avec "Les Monstres", film tour de force où Gassman et Tognazzi - dont chaque apparition semble renforcer notre bonheur d'enfant-spectateur - s'en donnent à cœur joie dans le travestissement (déguisements volontiers outrés, avec nez grimé et moustache postiche !), la comédie italienne tient son grand succès populaire, juste équilibre entre bouffonerie épaisse et critique sociale légère, juste avant que l'amertume et l'ambition entraînent ses grands auteurs vers un cinéma plus ambitieux, mais pas forcément aussi jouissif. On a le droit de penser que ces sketches scabreux, qui NOUS montrent sans scrupules devant la pauvreté, la maladie, la vieillesse, les enfants, les femmes, les vieillards, et bien sûr l’Église, la Police et la Justice, ont été les véritables contes de fée de ces années 1960. [Critique écrite en 1988]