Dino Risi pose un regard acerbe et cruel sur le peuple italien, irrémédiablement fourbe, hypocrite, menteur, parfois même cynique. À travers la succession des 20 sketches, il passe la bourgeoisie en revue, qu’elle soit médiocre, puissante, intellectuelle, artistique ou religieuse, souffrant toutes sans discrimination du même mal national.
La structure permet d’établir une ample galerie de portraits et embrasse dans sa largeur un vaste panorama socio-économique d’une Italie post-guerre qui se reconstruit, désormais moins misérable, mais plus avide que jamais, prise au piège de la possession, physique (l’adultère) ou matérielle. Si les personnages diffèrent à chaque sketch, ils partagent tous un défaut moral que Risi montre du doigt. L’unité de ton, comique et sarcastique, rassemble ces saynètes aux histoires singulières et indépendantes les unes des autres.
Or, à force de sarcasme, le sujet devient lassant, de même que la forme – le besoin d’avoir une histoire, un développement des personnages, se faisant ressentir. De plus, l’humour, si vanté par ailleurs, n’est pas toujours si efficace dans ces saynètes à l’inégale qualité. Enfin Gassman, toujours aussi grandiloquent, en fait beaucoup, parfois trop – mais, au fond, c’est sa manière de jouer.
Un film plutôt réussi dans la tradition de la comédie italienne des années 70-80.