Tentant de surfer sur la vague de succès du 2001 de Kubrick, John Sturges (Les sept mercenaires) livre une année plus tard un autre film de mission spatiale, mais abandonne le propos SF et métaphysique pour se concentrer sur une situation simple, à priori à suspense, et une forme ultra-réaliste.
Et c'est bien là que le bât blesse : Sturges élimine de son film toute émotion superflue - ça inclut la musique - et façonne ce qu'il aurait voulu être un thriller spatial montrant de l'intérieur une situation de crise cosmique ; mais le résultat final est affreusement lent, plombé par l'aspérité des personnages, la linéarité du scénario et, comble des combles, une fin placée sous le signe du bullshit le plus total, où l'on retiendra que les russes sont sympas mais inutiles, que les faibles doivent mourir et qu'on peut se promener comme on veut dans l'espace du moment qu'on a un jet pack, ou tout du moins un sac à dos blanc qui a été promulgué par le chef-décorateur jet pack.
Terne et ridicule, ennuyeux et superficiel, c'est là tout le paradoxe des Naufragés de l'espace, et c'est d'autant plus regrettable que les acteurs sont plutôt bons (Gene Hackman en même temps) et que les effets visuels, pour 1969, méritent d'être salués.