Une femme au bord de la crise de nerf, un homme en pleine crise identitaire

Un homme voit une femme près du bar, elle fume. Il l'a remarque parmi une foule d'inconnus, il ne voit qu'elle. Elle fume et semble s'ennuyer. Elle le remarque. Ils se regardent en se demandant comment se terminera la soirée. Ils dansent, une danse interminable qui les emmènent jusqu'à leurs situation actuelle : celle d'un couple avec 2 enfants habitant dans une banlieue typiquement américaine, dans une rue évoquant l'espoir d'un changement : "Revolutionary Road".

La traduction en français "Les Noces Rebelles" est tout à fait inappropriée pour un film de cette envergure. C'est un titre plutôt "comique" pour un thème dramatico-tragique. En quoi ce film est-il "révolutionnaire"? Il traite tout d'abord de la situation économique et sociale d'une amérique des années 50. L'après guerre, une période de doute et d'espoir, de rêve en somme. Une époque où le travail fait l'"Homme" et non l'inverse, une époque où le rêve américain était de fonder une famille, d'avoir 2 enfants au minimum, une petite maison blanche sur une butte, une Ford noire, une tv, le confort matériel qui noie les jeunes couple dans l'illusion du bonheur. La révolution vient aussi de l'évolution des mentalités et des mœurs, le rêve des femmes qui en ont assez d'être juste des "femmes aux foyers", supports universels des hommes, et qui veulent prendre en main leurs destins (choix de carrière, de vie, d'avorter...).

Le film commence déjà avec un conflit : Frank Wheeler (Leonardo Di Caprio) assiste à une pièce de théâtre interprété par sa femme April (Kate Winslet). La pièce et surtout l'interprétation de sa femme est un désastre. À la fin de la représentation, il va voir sa femme dans la loge et lui dit avec sarcasme : "On ne peut pas dire que ça a été un succès!". April, plus que contrariée ne dit rien et ne souhaite pas sortir boire un verre avec leurs amis. Ils rentrent ensemble en voiture. Frank essaye de se rattraper de son manque de tacte et lui dit quelques phrases gentilles mais sans intérêts. Sa femme lui demande le silence et Frank s'arrête sur le bas côté de la route 12. La dispute commence, il se demande pourquoi elle agit de cette manière, elle ne veut pas en discuter, il lui dit la vérité sur son interprétation laborieuse, et tout s'enchaîne, le passé, le présent, le future, tout est évoqué. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Le lendemain au travail, c'est l'anniversaire de Frank, il passe la journée avec sa secrétaire. April range la maison, s'occupe des enfants, elle a eu toute la journée pour réfléchir à ce qu'elle a vécu avec Frank (flash back) et elle a une idée : recommencer à zero avec Frank à Paris, unique ville où Frank voudrait retourner un jour, quand l'opportunité lui permettrait. Elle voit Paris comme un deuxième souffle, une possibilité pour Frank de ne plus travailler dans une entreprise qu'il méprise, et pour elle de subvenir aux besoins de sa famille, d'être maîtresse de son destin, mais surtout de redonner à leur couple une seconde chance, la dernière. Frank rentre à la maison, il vient de tromper sa femme est ne se sent pas très fier, il ouvre la porte et voit sa femme en robe de soirée et rayonnante d'espoir et de bohneur inespéré. Frank se sent encore plus mal, il est compressé de l'intérieur mais ne fait rien. Il suit sa femme devant ce qui lui semble le plus beau cadeau d'anniversaire : sa femme et ses enfants lui chantant un Joyeux Anniversaire. Il les regarde, il a les larmes aux yeux tellement ce spectacle lui est insoutenable. Il est ému, mais ce ne sont pas que des larmes de joies, ce sont aussi des larmes de culpabilité, de honte. Le soir, dans la chambre, April lui présente l'idée de partir à Paris pour y vivre, elle lui dit qu'il pourra prendre son temps et réfléchir à ce qu'il voulait vraiment faire, accomplir son destin, tandis qu'elle travaillera pour une ONG. Frank est rétissant au début : comment vivre? d'où viendra l'argent? toujours les mêmes questions. Mais il se laisse convaincre, et le lendemain c'est en couple ultra motivés et rayonnants qu'ils se lève et continue leurs vies quotidiennes mais avec quelque chose en plus, un projet risqué, une aventure incertaine, mais une vie, une vraie. Frank est joyeux, il est même créatif dans son travail. April accomplit les taches ménagère et autres avec légèreté comme si elle était déjà partie. Le couple est euphorique et pourtant plusieurs évènements vont venir bousculer leurs projets. Le projet de vivre à Paris ne sera bientôt plus qu'un rêve...

Frank à son grand étonnement reçoit une promotion, ce qui implique pus de revenu et plus de responsabilité, son ambition reprend le dessus et prend son temps pour annoncer la nouvelle à April. Cette dernière tombe enceinte, mais elle n'ose pas l'avouer à Frank car elle veut toujours partir à Paris. Frank fuit la réalité, jusqu'au jours où il apprend qu'April est enceinte, il en voit une opportunité de rester en Amérique. April ne supporte plus d'être "piégé" dans cette banlieue avec ses enfants et son ennui quotidien, elle ressent le besoin de vivre. Tout bascule.

Le film serait assez banal sans l"intervention d'un "génie farceur" pour remettre en place les protagonistes du film. Il utilise le rire pour dénoncer l'hypocrisie de la situation. Ce génie est interprété par le fils de leurs voisins, John Givings (mathématicien névrosé et aliéné) qui apparaît à 2 reprises pour rendre visite aux Wheeler. Il pose des questions personnelles, intimes et traduit exactement le sentiment de chaque personnages présents dans le pièce. Il révèle ainsi la vrai nature de chacun, leurs désirs et leurs peurs. En somme, il dit tout haut ce que les gens pensent tout bas. Il fera même craquer Frank qui sait pertinement que tout ce qui sort de la bouche de John Givings est la vérité, mais la vérité n'est pas toujours bonne à entendre.

Sans dévoiler la fin du film, 10 ans après American Beauty, Sam Mendes nous peint une satire de l'Amérique des années 50, reflet assez réaliste des aspects de la vie de couple moderne actuelle. La recherche du succès, l'ambition, les désirs, les rêves d'une meilleure vie...
clian
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le 17 janv. 2011

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clian

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