Des gens meurent, dans les grands classiques Disney, c'est le moins qu'on puisse dire. Aussi bien les gentils que les méchants, d'ailleurs. À la longue, on ne peut plus dire qu'il s'agit d'une vraie marque d'originalité, même si ces décès laissent généralement leur empreinte sur notre émotion collective.
"Big Hero 6", sous ses dehors colorés et mignons, va au-delà du facteur choc et explore relativement en profondeur une composante importante de la mort : Le deuil.
Rarement un Disney aura pris autant de temps pour vraiment nous faire ressentir la douleur de la perte, la dépression et la colère qui s'ensuivent, le vide qui s'installe et qu'on cherche à combler de toutes nos forces...
Hiro est un protagoniste très touchant, jamais énervant ou irritant, qui sonne toujours très juste dans ses décisions et ses réaction émotionnelles. Si Baymax est bien sûr important, c'est bien le jeune garçon qui reste au centre de l'intrigue et de la réponse émotionnelle aux événements, avec tout son entourage qui fait de son mieux pour le soutenir, à leur façon.
Chaque membre du groupe d'amis de Tadashi est remarquablement bien développé à cet égard, et pas seulement à un niveau visuel et vestimentaire. Leurs caractères et leurs personnalités montrent de la profondeur, aussi bien dans l'action que dans l'émotion. Jamais personne n'est placé au-dessus des autres, et tous montrent de la ressource et une vraie présence, chacun à leur manière. J'apprécie particulièrement qu'aucun ne soit réduit à une caricature et que chacun apporte quelque chose à la dynamique du groupe.
J'ai une affection toute particulière pour Honey Lemon, dont le côté féminin n'est jamais rabaissé ou vu comme une faiblesse, juste une part de sa personnalité, et même une force qui l'aide à aller vers les autres. J'aime beaucoup Cass aussi, qui montre une telle générosité et une véritable affection pour son neveu orphelin, un vrai modèle de support familial.
N'oublions pas de parler de Baymax, personnification de tant de sentiments, et support particulièrement brillant dans son design. Néanmoins, à côté de son aspect et comportement adorables, ce que je retiens avant tout, c'est le soutien émotionnel énorme pour Hiro, sans que le robot ne se transforme jamais en grand frère de substitution. Une vraie relation s'installe entre les deux, mais dans un équilibre incroyablement sain. Baymax pour Hiro, c'est le souvenir de Tadashi, qui se trouve littéralement dans son coeur, et Hiro pour Baymax, c'est une personne en détresse, qui a besoin de sa présence et son soutien.
La scène dans le portail fonctionne à merveille, justement grâce à ce marquage clair entre les deux personnages, et la relation qu'ils entretiennent. Puis ces paroles d'une puissance extraordinaire...
"Tadashi is here."
"I'm satisfied with my care."
"Big Hero 6" sait aussi assurer le spectacle. Les scènes de vol sont époustouflantes et nous laissent l'opportunité de voir tout le travail sur le décor de la part des équipes du studio. C'est riche, coloré, moderne, avec un petit côté "sale" qui rend le tout vivant... J'espère vraiment qu'on retournera y faire un tour dans une suite. Les gadgets sont inventifs, bien adaptés à la personnalité de chacun, et surtout, complémentaires, à l'image du petit groupe formé. Le méchant n'est pas si intéressant, mais les petits robots qu'il utilise sont assez impressionnants d'un point de vue technique, très menaçant et fluide, et tellement adaptables. Un beau challenge pour nos héros.
Au final, tout bouge parfaitement pour nous en mettre plein les yeux, mais le film n'oublie jamais de se poser pour nous laisser profiter des moments d'émotion.
"Big Hero 6" confirme la maîtrise de Disney sur des univers plus étendus à un niveau graphique, ainsi qu'une maîtrise du rythme narratif retrouvé, parfaitement balancé entre l'émotion, le propos et l'action. Vraiment un excellent film, trop sous-estimé sous la domination Marvel, alors qu'il n'a pas grand chose à voir avec le MCU. Un de ces films où je retournerai avec plaisir dans cet univers à travers une suite encore plus ambitieuse.