(Attention, présence de spoilers dans la critique.)
Je vous avoue que je craignais quelque peu ce film. J'imaginais déjà quelque chose de sympa certes (en même temps je suis vraiment pas difficile en terme de Disney) mais pas grand-chose de plus qu'un simple film de super-héros lambda et sans originalité. Et dès le début, je comprends que je me suis lourdement trompé. J'en suis très surpris, mais je trouve que ce Disney n'a absolument rien à envier aux meilleurs.
Quelque part entre les délires de sentaï et les films Marvel, Big Hero 6 est un bon mélange des genres, et bien plus encore. Parce que oui mes amis, Big Hero 6 n'est pas le film de super-héros ultra calibré et destiné à finir comme une simple promo pour des Baymax à toutes les sauces (peluches, figurines, T-Shirts et j'en passe et des pires) qu'il n'aurait pu le faire croire. On retrouve au contraire des personnages très humanisés. Notamment notre cher protagoniste Hiro, déjà orphelin dès le début du film, mais qui perd carrément son grand frère en plus, et de quelle manière. Surtout que le film avait permis à notre héros et à son frère de devenir suffisamment attachants pour rendre la scène du deuil très émouvante.
Mais surtout, le film prend son temps et ce n'est pas une mauvaise chose. Il s'écoule pratiquement une demi-heure avant d'entrer dans le vif du sujet. Le début consiste à voir notre cher Hiro, jeune garçon surdoué mais rebelle de 14 ans qui fait d'abord son jeune délinquant en participant à des combats plus ou moins légaux entre robots et qui décide finalement d'entrer dans une université high-tech rempli de nerds super cools, avant bien évidemment de renoncer à ce grand projet suite au terrible incident conduisant à la perte de son frère.
Et quand l'histoire autour des micro-robots est véritablement lancée, ça va très vite, ça ne s'arrête plus. Voir cette bande de cinq bras cassés se retrouver du jour au lendemain au milieu d'une situation aussi saugrenue et devenir des super-héros est très plaisant, et emmène des situations bien drôles (par exemple la course-poursuite durant laquelle Wasabi respecte quand même le code de la route, hilarant). J'adore également comment le film parodie tous les gros poncifs du genre, par exemple le délire autour des doubles personnalités ou lorsque les scénaristes se lâchent sur les punchlines à la fin (notons également la moquerie autour des catchphrases du genre "Super quelque chose", par exemple lorsque Fred se fait démolir par le méchant et lâche un "Super gamelle"). Sans oublier bien sûr le caméo de monsieur Stan Lee, comme dans quasi tous les Marvel.
Et puis le film reste bien créatif. J'apprécie les détails de la ville de San Fransokyo, ville quelque part entre celle de Blade Runner (pour tous les détails bien ancrés dans la science-fiction) et une ville typiquement américaine comme New York (pour les architectures). On voit bien que le film cherche un juste milieu entre l'univers des comics et celui des mangas, et il le réussit bien (ça se voit aussi dans les pouvoirs de nos protagonistes, rappelant tantôt les délires des sentaïs tantôt les délires des comics). Sans oublier que l'animation impeccable du film aide pas mal à renforcer l'immersion.
Mais il ne faut pas oublier la force du film qui demeure en partie ailleurs. Comme je l'ai dit, Big Hero 6 ne tombe pas dans le piège des productions de super-héros sans âme, au contraire, le film montre parfois un côté dramatique étonnamment mature et étonnamment réussi. Au point que parfois, on pourrait presque mettre de côté les aspects super-héroïques du film et obtenir un véritable drame humain, traitant du deuil et de la vengeance. Le montre l'évolution d'Hiro qui finit par basculer du côté obscur lors d'une scène très forte où il finit par retirer les fonctions médicales de Baymax pour en faire une machine destructrice. Certes, certains points sont assez basiques (le méchant est méchant parce qu'il cherche à concrétiser une vengeance personnelle, bon au moins ce n'est pas un méchant qui sort de nulle part) et les protagonistes font plutôt cliché mais on peut le prendre comme un hommage au genre, comme toutes les références au genre disséminées dans le film. Et puis les personnages restent quand même attachants, et j'aime beaucoup leur character design.
Et puis on a notre cher bibendum protecteur et aux airs un peu naïfs en la personne de Baymax, robot qui ne cherche qu'à soigner les gens en cas de problèmes. Ses fonctions primaires de médecins qui se réveillent dans les moments les moins appropriés donnent en partie son sel au film, mais il ne faut pas le réduire à cela. Je trouve sa relation avec Hiro très intelligente. Il ne cherche qu'à le protéger, le consoler, et même parfois à lui indiquer la bonne décision (on peut penser au passage où il dit à Hiro "L'appréhension de l'homme masqué améliorera t-elle votre état émotionnel ?", peut-être qu'au fond de lui il sait qu'Hiro suit la mauvaise pente de la vengeance, je trouve cela très intéressant). Il n'agit pas forcément comme un Terminator qui n'a quasiment pas conscience de ce qu'il fait, il veut juste le bien-être d'Hiro tant physique qu'émotionnel, et il le fait avec une tendresse plutôt avantageuse.
Bref, au final si l'association entre Disney et Marvel avait de quoi effrayer et pouvait paraître comme une énorme promo pour jouets en tous genres, le résultat s'en tire vraiment très bien et réussit à offrir aux spectateurs un spectacle beaucoup plus intelligent qu'il n'en a l'air, à la fois très impressionnant et humain, dont la force émotionnelle n'est pas à négliger. Mickey est passé dans le XXIe siècle, mais il n'a rien perdu de sa magie, et il nous le prouve une nouvelle fois.