Pour certains, le nom de Rohmer comme réalisateur agit comme un miroir aux alouettes du cinéma : son nom au générique suppose de fait, un avis favorable sur ses créations...
Au risque de m'attirer les foudres de ses admirateurs inconditionnels, et ayant subrepticement soupesé le risque, j'avoue avoir détesté ce film, tout ce qu'il y a de plus creux ! Sinon tout ce que vous voudrez bien y mettre dedans vous-mêmes...
D'abord un scénario (de Rohmer aussi) inexistant et qui plus est s'éternise, s'enlise à en devenir agaçant... Le thème n'est pas bien compliqué à résumer : une jeune nana oisive (on la dit stagiaire décoratrice mais on ne la voit jamais bosser !) a deux logements, un à Paris et un autre en proche banlieue.
Et un amant de banlieue qu'elle va tromper, après lui avoir dit combien elle l'aimait (?) (!)
Quant à son ami, fidèle caniche qui voudrait bien lui, elle n'en veut point ! Sadique, va ! On sait à peine comment ça commence, et on ne saura pas d'avantage comment ce marivaudage finit...
Le rat des villes et le rat des champs : lequel va gagner ?
Bref, on finit par se dire que la nana ferait mieux de bosser aux galeries Lafayette, que de traîner son ennui et autre chose dans des boums intellos ouvertes à une jeunesse aussi friquée que oisive !
Heureusement, la réalité de la jeunesse des années 80 était à des années-TGV de ce miroir aux alouettes que Rohmer nous jette à la figure !
Rohmer aurait-il fantasmé sur la belle Pascale Ogier ? Il l'a en effet vue grandir car le producteur de Rohmer (Barbet Schroeder) est accessoirement son beau-père puisque marié à Bulle Ogier. (Vous suives ?) Lesquels habitaient comme par hasard juste au-dessus des bureaux du réalisateur ! Le lancement d'une carrière de comédienne tient à bien peu de choses....
Ces nuits de pleine lune ont donc pour motif le portrait de Louise, jeune oisive courtisée par un milieu de snobinards pseudo-branchés, jouée par la belle Pascale qui ne sait trop à quelle destinée son joli corps vouer ! On aura même l'occasion de l'examiner impudiquement dans tous ses détails.
Qu'elle ait pu être séduite (dans le film) par un Tchéky Karyo, proche de l'autisme, tient de la pantalonnade : je n'ai pas marché une seule seconde ! Quant à Octave son ami qui voudrait bien mais n'arrive point, c'est du pur et dur Lucchini tel que le cabotin nous le pratique encore de nos jours : "Je n'ai pas changé" pourrait-il chanter !
Le reste du casting est insignifiant, voire détestable ! Et certaines comédiennes ont la même coiffure que nos aïeules avant guerre ! Consternant : c'est ça la jeunesse dorée ? Après le one-woman-show de Pascale, celui de Fabrice sont ce qu'il y a de plus séduisant dans cette histoire et le tout à un goût de trop peu... Tout ça sent aussi le vaudeville : surprenant car si Rohmer préférait tourner en extérieurs, ici on se croirait presque au théâtre : beaucoup trop de huis-clos.
Une claque pour Rohmer qui a tourné ce bien fade récit à 65 ans : ce mauvais film n'a enregistré qu'un peu plus de 600 000 entrées. Et il a été loin de faire un tabac à la télévision... Malgré l'objectif lune, le spectateur lui a atterri en enfer.
Cette histoire abracadabrantesque et bien peu futée a eu un épilogue douloureux : trois mois après la sortie de ce film, l'étoile filante que fut la belle Pascale, s'est éteinte à sa sortie du Palace, boite branchée où elle avait fêté ses 26 ans avec des amis. Décédée officiellemen d'un malaise cardiaque, mais plus sûrement d'une overdose !
Une fin plus tragique que n'avait osé imaginer Rohmer...
Arte le 26.04.2018