Les Nuits fauves par J. Z. D.
Laura a 17 ans. Jean est libre et sans attache. Laura est amoureuse. Jean couche avec un espèce de nazi masochiste. Laura veut faire l'amour avec lui. Jean est séropositif. Laura l'aime.
Voilà une idée de départ qui nous mène droit vers une histoire glauque. On traine sous les plans. Dans des maisons closes glauques. Des bistrots, des vieux travelos, d'anciens punks devenus fachos. Parce que le film est aussi engagé, la scène avec l'arabe et les skinheads est un fantasme un peu cool de justicier mourant. Le film est un peu bordélique, il y a la belle histoire d'amour, et toutes les amours sales qui rôdent autour. Et il y a la maladie.
Je ne sais pas pourquoi j'avais dans la tête - je l'avais déjà croisé à la médiathèque - mais j'avais l'impression qu'il fallait que je le vois, sans pouvoir me rappeler ce qui avait pu me donner envie de le voir. Et je me demande si tout ça ne fait pas partie de l'immense complot de mon esprit contre moi - je vous raconterai, l'enquête avance chaque jour -, esprit mesquin qui cherche à exorciser un mal caché. Comme Philistine et ses peurs chroniques et toujours actuelles, il y a au milieu des miennes une peur plus profonde et plus forte que toutes les autres, ma terreur du Sida. Je n'en ai jamais trouvé la source, j'imagine que ça vient des informations recueillies au hasard par mon cerveau d'enfant et qu'une partie de moi cherche à les en y ôter (étrange construction nocturne). Hélas, trois fois hélas, s'il faut se contenter de cette fin avec le héros - interprété par réalisateur complètement mégalomane que semble être Cyril Collard - qui regardent la mer en débitant une poignée de banalité, ou de la crise de Romane Bohringer - hystérique ! - à chaque nouvelle mention de la maladie, je crois que je ne m'en guérirai pas de sitôt - de ma peur, hein, rassurez-vous, je suis en pleine forme.