Les Ogres est une chronique, sur quelques jours, de la vie d'une troupe de théâtre itinérante (Théâtre Davaï), qui sillonne l'été durant les lieux les plus improbables de la France balnéaire (Port La Nouvelle) et rurale (un village du Lot).
Véritable huit-clos, tant les personnages extérieurs à la troupe paraissent évoluer dans un univers parallèle à celle-ci, le film nous en montre le quotidien: transit en convoi entre les lieux de spectacle, montage / démontage du chapiteau, beuveries et lendemains de cuites et aussi la pièce elle-même(l'Ours de Tchekov) sur scène et en coulisses. Parfaitement réaliste, on pourrait croiser les acteurs à des fêtes et picoler avec eux, cela s'expliquant par le caractère autobiographique du film qui est inspiré de l'histoire des propres parents de la réalisatrice (son père et sa sœur y interprétant leurs propres rôles).
Alternant tragique et comique, "les ogres" comprend quelques morceaux de bravoure, avec une mention particulière aux scènes d'engueulades - particulièrement bien filmées - entre membres (et leur directeur qui s'essaie à l'autocratie) du Théâtre Davaï, même si Léa Fehner abuse un peu (à mon goût, j'entends) des mouvements de caméra et des gros plans sur les visages.
Et on sent une vraie tendresse de l'auteure pour ces comédiens, à fois glorieux et merdiques, mais avant tout libres et joyeux, qui dévorent la vie comme... des ogres. Marc Barbé, en quinqua immature, est particulièrement convaincant dans ce registre. Tout cela fait un film fort, totalement atypique et qui mérite bien qu'on y consacre 2h24.