C’est un tourbillon. Dévastateur. De joie, de malaise, d’amour, d’humiliation. La vie puissance 4.
J’y ai vu un parallèle avec Belgica de Felix Van Groeningen, ce refus de la tiédeur, cette générosité dans les regards, ces corps poreux.
Des ogres donc, qui embrassent la démesure, débarrassés de toute pudeur, n’ont peur ni de hurler, ni de l’ivresse, ni de se battre. Pour un mot. Pour la dignité. Pour rien.
Ces individus à l’énergie baroque, qui rebondissent les uns avec/contre les autres.
Ils s’ébattent au beau milieu des carcans, font la nique aux tabous, sont rattrapés par eux, poussent comme des herbes folles, rient à en pleurer, brûlent les chandelles par tous les bouts.
Au final bien sûr, des êtres prisonniers de leur rôle, de cette injonction de liberté, de faire rêver, d’être des saltimbanques modernes.
La caméra, immergée en plein cœur des scènes, ainsi que l’accordéon de Philippe Cataix, épousent formidablement ces états contradictoires, de ceux qui ont choisi de faire un pas de côté.
Et les comédiens, dont la plupart font véritablement partie de la troupe de théâtre itinérante, sont éclatants.
Je n’ose imaginer ce qu’a pu être l’enfance de Léa Fehner, vécue dans ce bordel intense, elle en tire en tout cas magnifiquement partie via son film.
(Et le lustre à shots du Cabaret Tchekhov envoie pas mal de rêve !)