Quoi de plus déstabilisant que de découvrir que la chose qu'on croyait la plus inoffensive au monde a subitement décidé de nous crever les yeux à coup de bec? Bien que cette vision du scénario du chef d'œuvre d'Hitchcock exagère le capital sympathie de base dont bénéficie les oiseaux, et plus particulièrement ici les corbeaux. Oiseau au plumage noir et au croassement rauque, présage funeste, gardien nocturne de nos cimetières. Le corbeau est un bon compromis entre la petite chose inoffensive, voir craintive, et un assassin crédible pour ne pas tomber dans le ridicule.
Le reste du scénario est somme toute très banal. Une jeune femme très belle et timide (Tippi Hedren, typiquement le personnage féminin hitchcockien) fait la rencontre d'un jeune homme (Rod Taylor) séduisant et propre sur lui. Ils vont très bien ensemble, sauf aux yeux de la belle-mère intransigeante. Mais nos personnages ont d'autres problèmes à savoir une attaque d'oiseaux.
On est rapidement captivé par la tension grandissante qui imprègne ce film. Ca commence par l'attaque isolée d'un goéland, puis par la présence pesante de corbeaux anormalement nombreux, enfin cette scène que tout le monde connait, celle de l'attaque massive de tous les oiseaux vu depuis la cabine téléphonique dans laquelle s'est réfugiée Tippi Hedren.
Ici tout concours à mettre en place une ambiance oppressante, Hitchcock s'en est fait une spécialité depuis une dizaine d'année maintenant. L'éclairage, la musique, ou plutôt l'absence de musique, ainsi que des plans intéressant, notamment des plans très serrés lors des scènes d'attaques, rendent le film assez captivant.
Comme beaucoup je pense, c'est avec Les Oiseaux que j'ai découvert Hitchcock, début d'une passion, ou du moins d'un intérêt poussé pour l'œuvre du bonhomme à la silhouette bedonnante. Si Les Oiseaux est loin d'être son meilleur film, en revanche c'est une parfaite porte d'entrée vers cet univers si particulier et inévitable dans le monde de la cinéphilie.