The Birds s’ouvre sur une femme distinguée, élégante, belle et visiblement riche. Dans une animalerie, à l’étage des oiseaux, elle fait la rencontre d’un homme séduisant, bien bâti et intelligent.
A la fin du film, nous retrouvons ces deux personnages en loques, blessés, hébétés. Ils sont accompagnés d’une petite fille et d’une vieille femme, symboles par excellence de la fragilité : l’enfance et la vieillesse.
Que s’est-il passé entre les deux scènes ? Ils ont subi l’attaque de plus en plus violente d’oiseaux familiers, d’oiseaux de tous les jours qui se sont abattus sur eux en hordes sauvages aussi bien dans la rue que dans l’espace protégé de la maison : déchiquetant, becquetant, perçant les portes, brisant les vitres, tuant.
Quelle est la signification de cela ?
Cela peut être la revanche des oiseaux envers les hommes qui n’ont pas écouté la chanson de Pierre Perret : « Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux ! ». Les oiseaux encagés étant présents dans le film via deux lovebirds achetés à l’animalerie et offerts en cadeau d’anniversaire à la petite fille.
Mais ces oiseaux peuvent représenter surtout le psychisme humain en proie à l’angoisse, à la peur qui affleurent dans l’enfance et la vieillesse mais si bien cachées à l’âge adulte sous l’apparence et le vernis social. On peut penser se connaître, penser que tout va bien et offrir un beau visage aux autres alors que peuvent se déchaîner tout au fond de soi des forces obscures non maîtrisées et insoupçonnées. Si elles se réveillent, c’est tout un paysage intérieur familier, que l’on croit sans danger, comme les oiseaux, qui se transforme en cauchemar.
J’ai attendu jusqu’au bout en me disant : « comment le film va-t-il se résoudre » ? Je voyais la fin approcher et je me disais: « il y a un problème, on n’en sort pas, sûrement que le film n’est pas complet ! » Et si… Magnifique image finale que cette voiture s’éloignant tandis que les oiseaux campent victorieux sur la maison et ses alentours. Aucune explication, aucune résolution ! Et c’est ce qu’il fallait faire sinon l’histoire aurait été aplatie.