Le saut de l'ange.

Trois parachutistes viennent faire leur numéro dans une petite ville du Midwest où ils pourront être hébergés dans la famille de l'un d'entre eux.

En seulement deux films, Le pays de la violence et celui-ci, qui seront deux bides, John Frankenheimer avait semble-t-il grillé sa côte vis-à-vis de Hollywood, ou tout simplement il n'était peut-être plus dans l'ère du temps ? D'abord, il faut dire que le titre français est très mauvais, car je pensais voir un film de guerre, alors que c'est une histoire sur des acrobates aériens, trois amis, joués par Burt Lancaster, Gene Hackman et Scott Wilson. Le premier a l'air de ne vivre que pour ça, guettant une éclaircie au moment d'une pluie, à étudier les conditions météo au moment d'un saut ou à prêcher pour sa paroisse chez un groupe de femmes afin de récolter des entrées pour leur spectacle. Même les vues qu'a Deborah Kerr, permettant de reconstituer le couple de Tant qu'il y aura des hommes, ne suffit pas. D'ailleurs, cette dernière est très intéressante, car elle semble comme prisonnière de cette ville, de ce couple avec qui elle ne s'entend plus, et voit en Burt Lancaster non seulement un amour, mais aussi un moyen de s'échapper de cette morne condition. Gene Hackman est le type hâbleur, grande gueule, mais qui cache au fond une certaine sensibilité car il sait que tout cela ne sera pas éternel, et il projette de devenir cascadeur à Hollywood.

Quand au spectacle, je veux bien entendu parler des nombreux sauts, aussi bien en parachute qu'avec des ailes sur les bras, je peux dire qu'en tant que vertigophobe (j'ai inventé un mot), je me suis senti ventiler à plusieurs reprises car la sensation de vide est bel et bien là, notamment les moments de chute avec de superbes plans larges. Bien entendu, ce ne sont pas les acteurs principaux qui font les cascades, on voit des transparences ou des gros plans qui peuvent paraitre grossiers, mais l'illusion fonctionne encore, jusqu'au pire....

Ce qui fait que le film, malgré son échec commercial, prouve à quel point John Frankenheimer sait faire du très bon spectacle, avec une relation très féconde dans le travail avec Burt Lancaster. On voit le soin dans la mise en scène, y compris dans les scènes plus intimes, notamment l'utilisation de la double focale, qu'affectionnera un certain Brian De Palma...