Certaines choses sont si belles, que vous ne pouvez pas tout à fait croire qu’elles existent. Mais je peux comprendre (en partie) les gens qui détestent ce film et le chant en est la raison principale (je pense). Dans Les Parapluies de Cherbourg tous les dialogues sont chantés, absolument tous, ce qui déstabilise un peu, voir beaucoup, au début. Et si on ne prend pas le train en marche très rapidement, on peut rester en dehors durant tout le film.
En 1957, une jeune fille de 17 ans (Catherine Deneuve) est amoureuse d’un garagiste (Nino Castelnuovo), mais sa mère est totalement opposée à leur liaison. Mais voilà (doublement mais) qu'il est appelé à servir dans la guerre d'Algérie pendant deux ans et les deux tourtereaux doivent donc se séparer. Après son départ, elle découvre qu'elle est enceinte ...
Alors certes, le pitch du film n'est pas très engageant. Mais voilà, on ne regarde pas une comédie musicale pour la profondeur du scénario ou pour la psychologie des personnages. C'est cette simplicité du scénario, qui fait la beauté de la chose. On se laisse porter par la musique et les paroles chantées, comme dans une visite guidée dans les rues de Cherbourg. Certains décors sont incroyablement beaux et les couleurs sont éclatantes, ça vous saute littéralement aux yeux. Tous les décors sont pensés pour en tirer parti. La conception artistique du film ressemble à une maison en pain d’épice psychédélique.
Les Parapluies de Cherbourg est articulé en trois segments, le départ, l'absence et le retour. Le premier des trois segments est peut-être le film le plus ensoleillé jamais réalisé. C’est totalement original, tellement original que c'est un peu rebutant au début. Les couleurs "bubble gum" paraissent artificielles, la caméra est en mouvement constant et le fait que tous dialogues soient chantés, rendent difficile de rentrer dans le film. C'est comme lorsque vous conduisez en essayant de vous repérer dans une rue que vous ne connaissez pas et que vous êtes obligé de baisser l'autoradio pour vous concentrer. On se dit : "Je ne peux pas suivre l’histoire, ils chantent tout le temps ...". Fort heureusement, Jacques Demy ne se contente pas de faire un film tout le long ensoleillé (et sa luminosité n’est jamais criarde). Chaque segment procure une sensation différente, le plus réussi étant le dernier, avec une fin magnifique.
Le film est tout simplement magnifique. Je ne saurais trop insister sur sa beauté et la musique (en particulier le thème principal) vous donne des frissons. La partition musicale est envoûtante et Catherine Deneuve, qui s’est fait connaître pour ce film à seulement 20 ans, est absolument craquante. Tout cela mène à un final qui va vous déchirer le cœur. C’est une fin déchirante, mais heureuse en quelque sorte. Si vous avez vu La La Land de Damien Chazelle, vous noterez les innombrables références visuelles au Parapluies de Cherbourg, mais aussi toute sa structure dramatique qui a été entièrement reprise.
Certaines personnes vont probablement vomir devant un film d’un tel niveau d'exhibitionnisme et d’une tonalité aussi guimauve. Moi même, parfois sur cette certaines choses, je me suis dit "non, là c'est too much". Mais tout de suite après, je me suis repris et je me suis demandé comment diable a-t-il réussi cette chose ?
Je pourrais vous donner milles raisons, pour lesquelles il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie Les Parapluies de Cherbourg. Les couleurs sont comme dans aucun autre film. Les vêtements et les arrière-plan sont assortis sur chaque plan du film. C’est du vrai cinéma, qui fait tout en grand ! La musique (en particulier le thème principal) est d’une beauté si envoûtante, qu’elle vous donne des frissons dés vous entendez les premières notes. Et que dire de Catherine Deneuve, absolument irradiante. Bon, j'en ai pas trouvé mille, mais c'est un bon début pour vous inciter à voir Les Parapluies de Cherbourg.