Ce docu est une pépite avec des pépites dedans !
Les pépites, ce sont les enfants des rues (ou plutôt de la décharge) de Phnom-Penh, au Cambodge, qui, pour survivre, trient les déchets sans relâche toute la journée, dans la puanteur et les immondices, pour gagner quelques sous et les ramener à leur famille le soir.
Certains enfants sont orphelins, et la plupart sont battus par leurs parents, ou livrés à eux-mêmes.
Les pépites, ce sont aussi Christian et Marie-France des Pallières, un couple de voyageurs français, qui découvrant cette misère, ont l'idée de créer une association d'aide à ces enfants, organisent des confections et des distributions de repas, puis créent un centre d’accueil, avec une école et un centre de formation professionnelle intégrés.
L’originalité de cette opération humanitaire et qu'elle est faite avec les moyens du bord, sur la base de dons de français récupérés par le couple, chaque été en France.
Mais surtout la caractéristique du projet qui va le rendre pérenne, c'est surtout l'implication des cambodgiens eux-mêmes. D'abord, il y a les enfants eux-mêmes qui s'accrochent au navire, de façon désespérée au début, puis plus confiante au fur et à mesure de leur évolution.
Certains (dont la fille adoptive du couple) resteront au centre, pour devenir des professeurs, des cadres, des cuisiniers.
Et puis, il y a les habitants des quartiers alentours qui participent en tant que professeurs, éducateurs, cuisiniers, nounous, blanchisseuses, infirmières etc.
On sent que tout le monde y a mis une grande volonté et énormément d'énergie pour que le centre vive et se développe. Ainsi, même après le décès de Christian, les actions et les activités se poursuivent.
Un des moments les plus émouvants du film est la visite que fait Christian sur l'ancien lieu de la décharge aujourd'hui enterrée, avec certains enfants qui ont été recueillis les premiers par le couple, dont leur fille adoptive.
Evidemment, ces enfants ont bien grandi, Ce sont à présent des adultes qui ont évolué, ont fini leurs études et son autonomes et indépendant.
C’est avec beaucoup émotion qu'ils se remémorent ensemble leur petite enfance passée sur les déchets, leurs peurs, leur fatigue, les coups de leurs parents le soir, puis les souvenirs des premiers repas distribués par le couple.
Christian est très ému lui aussi, notamment quand ils repèrent le lieu exact du tout premier centre d’accueil, qui n'était pas en dur, et qui était situé tout près de la décharge.
Puis, on découvre l'ensemble des constructions actuelles du centre, qui s'est énormément agrandi au cours du temps et qui occupe tout un quartier à présent. On y découvre à l'intérieur, les salles de classe et de formation, les dortoirs, les cuisines. Tout est beau et propre, parfaitement entretenu. Les jeunes y partent avec un métier en poche ou la possibilité de continuer leurs études à l'université. Un tout autre avenir que celui qui leur était promis au départ
Xavier de Lauzanne nous montre quelques extraits de vidéos qui ont été tournées lors de l’arrivée des enfants au centre. Elle sont déchirantes, tellement la souffrance exprimée par ces enfants était vive.
Un frère et une sœur racontent qu'ils étaient battus quotidiennement par leur père le soir, en rentrant de la décharge, alors qu'il était alcoolisé.
Une petite fille n'ose pas regarder dans les yeux en parlant, puis elle s’effondre en larmes en racontant, entrecoupée de sanglots, son existence d'enfant totalement livrée à elle-même, abandonné par sa mère qui l'a livrée à un pédophile qui veut la prostituer.
Je me souviendrai longtemps de cette petite fille, en larmes, les yeux terrorisés, racontant son calvaire.
Quand on voit ce que ces enfant sont devenus, on mesure les progrès parcourus et la résilience nécessaire pour accomplir tout cela.
Un des aspects intéressants du documentaire est que le réalisateur s'interroge et interroge aussi les protagonistes sur les causes de ces violences familiales, de cette misère sociale et affective.
On comprend très vite qu'il s'agit d'un héritage direct de l’histoire récente extrêmement mouvementée du Cambodge, avec le génocide d'une grande partie de population par les khmers rouges, qui a laissé des populations exsangues et une souffrance qui se transmet sur plusieurs générations. L’alcoolisme, la déstructuration des liens sociaux et des familles vont de paire avec la misère économique et les enfants en furent les premieres victimes.
Au fur et à mesure du film, on apprend à connaitre le couple de Marie-France et de Christian : leurs origines familiales qui ne les prédestinaient pas, a priori, à accomplir un tel projet.
On voit leur jeunesse un peu hors normes avec leur quatre enfants adorables. On est charmé par leur volonté de leur faire découvrir le monde, au volant de leur petit camping-car. De vrais aventuriers en famille.
Sur les images du début, pendant leur interview, on les voit se tenir la main, s’embrasser, pleurer ensemble lorsqu’ils évoquent toute l'histoire du projet et surtout les destins de certains enfants.
C'est l'Amour ces gens là, l'amour des gens, l'amour de la vie, la générosité sans chichis, la simplicité et l'envie de donner. Un exemple rare, à méditer et à suivre.