Les Petits Mouchoirs par Thomas2402

En seulement deux films, Guillaume Canet a réussi le pari, pourtant audacieux, de se démarquer de son image d'acteur tendance gendre idéal, remarquable cependant, en s'imposant comme un réalisateur prometteur. Avec "Mon idole", il étonnait par sa créativité et son fort potentiel de directeur d'acteurs, tandis que "Ne le dis à personne", unanimement plébiscité par la critique, prouvait ses nombreuses qualités de metteur en scène. Après ce doublé gagnant, Guillaume Canet faisait désormais partie de ces réalisateurs qui comptent dans le paysage cinématographique français, et dont on attend les films avec impatience. L'annonce de son nouveau long métrage, il y a quelques semaines, a donc provoqué un enthousiasme important. La sortie de "Les petits mouchoirs" fut donc annoncée et a tout suite attiré les faveurs du public, tant par son impressionnante distribution que par sa promotion massive. Je me décidai donc à aller le voir au lendemain de sa sortie, en attendant forcément beaucoup, mais en gardant à l'esprit que le succès du passé n'est pas forcément un gage de qualité pour l'oeuvre future (cf : Blier et son désastreux "Le bruit des Glaçons"...).
Mais mes doutes furent rapidement levés et ma conclusion est la suivante : C'est incontestablement un bon film... MAIS!
Tout d'abord, le pari de réaliser un film choral qui ne nous laisse pas une impression de déjà vu, est réussi. Certes, on pense à Marc Esposito (Le coeur des hommes), à Yves Robert (Un éléphant ça trompe énormément), à Ettore Scola (Nous nous sommes tant aimés) ou encore à Claude Sautet (Vincent François Paul et les autres), mais Canet réussit à trouver un angle d'attaque de manière a s'individualiser totalement de ces derniers.
Ensuite, le casting est une réussite, ce qui n'est pas chose facile pour un film de copains. Mais on y croit et ça fonctionne. Ils sont probablement amis à la ville et la crédibilité s'en trouve accrue.
Enfin, Canet réussit un pari audacieux que celui de nous faire passer du rire aux larmes, et inversement, sans jamais tomber dans le comédie pure, ni dans le mélo.
Cependant, ce film a aussi les défauts de se qualités. En effet, on ressent un certain acharnement à arracher des larmes aux spectateurs, une volonté de faire pleurer dans les chaumières, qui en devient exagérément pesante dans la dernière demi-heure. L'artitifice ultime : Marion Cotillard dont les qualités de pleurnicharde face caméra ne sont plus à prouver.
Mais la faille la plus importante dans ce film est probablement sa construction et l'impression désagréable de rester sur sa faim. En effet, le levier scénaristique clos le film et on en sort quelque peu déroutés. Comment les personnages évoluent ils? Vont-ils se bonifier? Se remettre en question? S'interroger sur leurs valeurs finalement inexistantes de leur groupe d'amis, bâti sur des fondations peu solides? Libre à chacun de l'imaginer et c'est dommage. Il aurait été plus judicieux, selon moi, de placer l'élément final au milieu du film et d'en analyser l'après. Sans quoi, l'impression d'avoir assisté à un film de copains en vacances qui se termine mal, est belle est bien là.

Malgré tout, c'est à nouveau un pari réussi pour Guillaume Canet et je n 'ai qu'un conseil : Courez-y vite!