Psychologie épaisse et grosses ficelles.

Bon, entendons nous bien. Ce n'est pas un film qu'on déteste tout le long. Y a des bons moments, y a même deux ou trois scènes assez justes, on sourit quatre ou cinq fois, les acteurs sont dans l'ensemble pas désagréables.
Mais en même temps, y a ce qu'il faut pour ne pas pouvoir vraiment entrer dedans, et ce qui est juste gênant en cours de séance devient dramatique dans la scène finale parce que les ficelles en deviennent entre énorme et insupportable.

Les personnages, d'abord. Typés comme il se doit, à la limite de la caricature. Le râleur, le branleur, l'éternel ado, etc etc... Ça contribue à vous chauffer tout le long du film. La complexité que certains d'entre eux révèlent en cours d'histoire reste bien trop sommaire.

Les scènes "tristes" ou "vraies" sont invariablement baignées d'une bonne grosse BO qui couvre tout d'une chape d'émotion d'autant plus lourde que pas une fois on ne demande, étonné, ce que cela pourrait être. La BO est imparable mais n'étonne jamais. Attention, une grande scène arrive: on coupe bien les dialogues / musique.../ et hop, on revient sur l'histoire.

Le scénar, dont on devine (pour peu qu'on ait entendu dire que c'était triste à la fin, avant d'y aller --difficile d'y échapper, malheureusement--) comment il ira jusqu'à son terme et ça contribue pas mal à la lourdeur de l'ensemble.

La fin, donc, d'une durée bien trop longue pour pouvoir se sentir aussi touché qu'on aurait pu l'être avec un traitement sobre, qui plonge avec ses deux sabots dans un pathos gluant. C'en est presque gênant (et cette musique, cette musique, putain !! Le pire, c'est qu'on peut bien l'aimer, mais c'est si...pesamment fait !)

Guillaume Canet, dont j'avais plutôt apprécié le "ne le dis à personne", nous met donc ici dans l'embarras, balancé qu'on est entre une écriture plutôt intéressante parfois, et une manière de faire qui ne cache pas ses ficelles qui, parfois, ressemblent plutôt à des gros câbles.

On reconnait un bon film dans ce qu'il murit en vous, qu'on y repense le lendemain et plus encore au fils des jours qui suivent. "Les petits mouchoirs" énerve dès qu'on y repense...pendant le générique de fin. Un moment parfois pas totalement désagréable mais qui laisse un mauvais goût dans la bouche.
guyness

Écrit par

Critique lue 5.8K fois

80
8

D'autres avis sur Les Petits Mouchoirs

Les Petits Mouchoirs
VirginiA
4

T'es *vraiment* une belle personne

J'ai horreur qu'on me force à penser quelque chose que ni la force du scénario, ni le talent de mise en scène ne m'inspirent. Aussi, quand mes oreilles sont oppressées par un "Amen Omen" de Ben...

le 30 oct. 2010

141 j'aime

6

Les Petits Mouchoirs
Citizen-Ced
2

Les petits bobos

Putain c'est mauvais, mais mauvais quoi. Et en plus c'est mauvais pendant 2H30. OK, j'ai plutôt bien aimé l'intro : un long plan-séquence aussi réussi que prétentieux suit Dujardin depuis les...

le 13 mars 2013

104 j'aime

17

Les Petits Mouchoirs
hillson
4

Les petits kleen-sexes

Les petits mouchoirs, c'est toute une bande raccoleuse d'amis fêtards qui se retrouve, comme chaque année, pour se bourrer la gueule sur un bateau et se retrouver le soir, à se bourrer la gueule dans...

le 16 déc. 2010

100 j'aime

11

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

344 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

318 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

299 j'aime

141