Les petits mouchoirs, où comment faire pleurer des millions personnes avec pas grand-chose. C'est le pari tenu par Guillaume Canet et la nouvelle famille du cinéma français. Un film de vacance maquillé dont le degré de réflexion frôle le néant.
Guillaume Canet, c'est le gendre idéal pour toutes belles-mères, du moins françaises, qui se respectent. Jeune, beau, talentueux, riche et célèbre, le fils doré du cinéma français repasse derrière la caméra après les plus ou moins bons Mon idole et Ne le dis à personne. Les petits mouchoirs, comme ceux que l'ont dépose sur nos travers et nos problèmes, voit une bande de potes partir en vacance, au Cap Ferret, pendant que l'un des leurs reste à l'hosto suite à un accident. La scène de ce drame, pour l'une des rares apparitions de Jean Dujardin, est par ailleurs la mieux réussit, d'une éloquence et d'une tension contrastant bien amèrement avec le reste du film. Dans cette disposition là, la fin est courue d'avance. On imagine mal ces joyeux lurons s'éclater à la mer pendant quinze jours, puis rentrer et faire la fête avec leurs copains qui va beaucoup mieux.
Pour le casting, Canet fait dans le bling-bling (français hein !), avec une tripoté de trentenaire et plus, venue se la couler douce sur la côte. En vrac : Marion Cotillard, Benoit Magimel, Gille Lellouch, François Cluzet, Laurent Lafitte ou encore Valerie Bonneton. Ajoutez à cela quelques guests pour le look (Mathieu Chédid et Maxime Nucci) et une bande-originale branchouille et vous obtenez, selon la recette Canet, un film à succès. Mais ça ne prend pas vraiment. Déjà, à cause des personnages, tous plus caricaturaux l'un que les autres, avec leurs lots de névroses et de bons sentiments. Un coup de chapeau tout de même au couple Cluzet/Bonneton qui tient admirablement bien ce registre là. Malheureusement, si l'humour, parfois graveleux, est au rendez-vous, il l'était déjà dans la bande-annonce.
Long comme le mois de mai
L'autre tare du film est sans conteste sa longueur. 2h34 de film de vacance, c'est atroce dans la vraie vie, mais au cinéma c'est encore plus dure. Surtout qu'il ne se passe presque rien. Ah si ! Nos amis vont faire du bateau, ce qui donne à Canet l'occasion de filmer, à tord et travers, la mer, la plage et tous ses potes en train de prendre l'apéro. Canet film tout, même le futile, et parsème sa bobine de séquences soporifiques au possible (la scène de jogging sur la plage ou encore la minute musicale avec Maxime Nucci ou encore le rassemblement nostalgique devant les vidéos des vacances précédentes).
Enfin, le pire finalement, c'est que le film tombe dans le mélo binaire, moralisateur à souhait. Une philosophie somme toute assez primaire qui voit ces bobos parisiens passés du rire aux larmes sans frapper à la porte. Un déluge lacrymal en guise de fin et Canet qui boucle sa petite histoire de la plus simplistes des manières, jouant du pathos avec une facilité qui force le respect. Sans compter les scènes où l'on aperçoit Dujardin boursouflé sur son lit de mort qui n'apportent véritablement rien au schmilblick.
On a envie de dire tout ça pour ça. Le postulat de départ semblait pourtant intéressant et le film en lui-même n'est guère déplaisant. Malheureusement, ses personnages évoluent bien trop peu pour susciter une quelconque réflexion. Devant cette avalanche nombriliste à la plage, Canet apporte son indigente réponse : devant la mort on est tous égaux et on se sert les coudes car on est copain. Merci pour cette profonde leçon de vie.
Youn
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