JB,jeune paysan espoir du football,est admis au centre de formation d'un club professionnel.Mais il y a un léger problème,le garçon souffre d'hypertrophie cardiaque,ce qu'il cache à tout le monde après avoir truqué ses résultats d'examens médicaux afin de ne pas être interdit de sport et écarté du milieu footballistique.Il parvient ainsi à dissimuler son état mais la pratique intensive du sport et les efforts physiques répétés le mettent en danger car il commence à faire des malaises.Etrange de voir EuropaCorp produire ce premier long-métrage de Vianney Lebasque,le film étant très différent de ce que propose habituellement la firme,mais c'est plutôt une bonne surprise.Le réalisateur,également auteur du scénario,nous offre une oeuvre quasiment documentaire qui nous plonge au coeur,c'est le cas de le dire,d'un centre de formation préparant les futures stars du ballon rond.Entraînements quotidiens,concurrence féroce entre les pensionnaires,discipline de fer et motivation impitoyable marquent les premières étapes de ces carrières qui ne seront pas toutes prestigieuses car le sport de haut niveau compte plus d'appelés que d'élus.Nous suivons la vie très encadrée de ces aspirants vedettes entre séances de trainings,matches,études,contrôles médicaux mais aussi,car ce sont des ados malgré tout,échappées nocturnes direction des fiestas où coule l'alcool et où circulent les substances prohibées et les filles.JB est un surdoué et se détache vite du lot mais son état de santé le fait vivre sous une épée de Damoclès,ce qui mine son moral.C'est là que le film va au-delà du strict documentaire sportif pour élever sa réflexion et poser la question des responsabilités individuelles et collectives et de leurs limites.Jusqu'où peut-on prendre des risques afin d'atteindre ses objectifs?Qui a le droit d'en décider,soi-même ou les autres?Le héros joue à la roulette russe avec sa vie,mais justement c'est sa vie et après tout s'il estime que le jeu en vaut la chandelle,s'il ne peut envisager son existence sans taper dans un ballon et courir sur de vertes prairies,ça le regarde.Et pourtant ça ne regarde pas que lui car il sait que si les autres savent ils l'en empêcheront,parce que derrière les rêves individuels se dessine la responsabilité collective.Les dirigeants du foot,les entraîneurs et même le public n'ont pas envie de voir des mecs crever sur un terrain,ça gâche l'ambiance et ça fait une très mauvaise pub,et la famille et les amis de JB préfèrent également le garder en vie,ce qui peut se comprendre.Mais JB est un obsessionnel,tendu vers un seul but,enfin deux avec celui de l'équipe adverse.C'est surtout un abruti égoïste qui fait peu de cas des sentiments des autres ou des risques que sa conduite peut leur faire courir.Parfois rattrapé par le doute ou des moments de faiblesse,il finira par se confier sur son état à son pote de chambrée,à sa copine et à l'entraîneur-adjoint.Tous veulent l'arrêter dans sa folie et tous choisiront finalement de se taire et de le couvrir,fléchissant devant son obstination.Cet aspect de l'histoire ne fonctionne guère parce qu'on ne voit pas des proches de quelqu'un le laisser se précipiter vers un suicide annoncé,fût-ce pour l'aider à accomplir ses rêves,sans compter la situation périlleuse dans laquelle ils se retrouveraient si leur complicité venait à être dévoilée.La réalisation de Lebasque est en outre assez bizarre,sa narration prenant la forme de séquences elliptiques qui ne vont jamais au bout de leurs potentialités et donnent une impression d'insatisfaction,avec pour finir une conclusion brutale et énigmatique.Paul Bartel,homonyme du cinéaste américain à qui l'on doit "La course à la mort de l'an 2000" ou "Cannonball",affiche un naturel inquiétant en crétin antipathique et monomaniaque.JB est un bouseux inculte et attardé,un asocial emprunté,un menteur pathologique et un manipulateur instinctif,mais il a deux grosses qualités,son talent prodigieux pour la baballe et sa volonté inflexible.Bartel est d'ailleurs très convaincant ballon au pied et a manifestement beaucoup travaillé le sujet,même si on sent que ses adversaires le laissent un peu jouer pour les besoins des scènes.Parmi ses jeunes camarades on remarque Samy Seghir,le gamin de "Neuilly sa mère!",excellent en vedette en herbe dont la grande gueule et la prétention vont souffrir quand il se fera piquer sa place par meilleur que lui,et Ralph Amoussou,le fiancé de la fille Tuche dans la saga du même nom où il est....footballeur,un rôle qui lui colle décidément à la peau.L'encadrement est de qualité avec Eddy Mitchell en coach autoritaire et râleur,d'autant plus étonnant qu'il n'a jamais été réputé pour être un grand sportif, le toujours magistral Reda Kateb qui est touchant en adjoint sympa et humain qui a autrefois été à la place de ses jeunes élèves et a raté le train de la gloire,sans qu'il nous soit vraiment expliqué pourquoi,encore une des imprécisions du script,et l'éternellement impeccable Mathias Mlekuz en toubib décontracté.Margot Bancilhon,actrice bien jolie mais pas fameuse,est la petite amie de JB,et on ne voit pas ce que cette fille canon et libérée trouve à ce nabot timoré,et François Deblock apporte comme il sait si bien le faire une note d'humour en lycéen combinard trempant dans diverses magouilles.Olivier Rabourdin est comme de coutume intense en père fermier veuf et maladroit mais aimant,cependant on ne saisit pas comment il peut ne pas être au courant de l'état de santé de son fils.D'ailleurs les feintes de JB auraient du mal à marcher dans la vraie vie car un test cardiaque ne se solde pas que par un certificat où l'on coche des cases,il y a des tas de radios et de graphiques avec des courbes,et ça ce n'est pas falsifiable et ça ne tromperait jamais le médecin d'un centre de formation.