Womenstern
Womenstern n.f: Western qui met en scène des femmes puissantes, égales aux hommes, et pourtant femmes. La fine fleur de la gâchette féminine, le duel de deux grands noms du cinéma, de deux sex-symboles et de deux grandes actrices de western: Claudia Cardinale (Il était une fois dans l'Ouest) et Brigitte Bardot (Shalako). Deux maîtresses femmes incarnant chacune une forme de féminisme: la Femme en blanc, qui protège ses frères, et la Femme en noir, toujours escortées de ses soeurs, parmi lesquelles la magnétique Patty Shepard, elle-même abonnée aux western.
Alors, certes, Micheline Presle (la plus âgée des légendes du cinéma français depuis ... mars 2020) est sous-exploitée. Mais ses rares répliques font mouche: " Je crois pas au pétrole, je crois au lit", variante Far-West de "Faites l'amour, pas la guerre", moins naïf vu son sous-texte.
Alors, certes, c'est très caricatural: les frères sont des Averell Dalton en puissance et en acte (Patrick Préjean et Georges Beller en pleine vis comica), le tenancier du bar (Jacques Jouanneau, qui double Woody Allen dans What's new Pussycat ?) est soumis à sa mère, et le shérif (Michael J. Pollard, lunaire, drôlissime et surtout attachant comme un personnage de cartoon) est un rêveur, un "soupirant" qui cherche sans arrêt son cheval. Mais c'est à ce prix que l'on obtient un monde inversé. Mieux, le "Il n'y a plus de place pour les hommes dans le Far-West" final conclut un film féministe qui ne se prend pas au sérieux et qui regarde le masculin avec l'oeil d'une petite soeur, comme on disait en ce temps-là. Un esprit camarade typique sixties-seventies qui semble hélas bien loin à nos ternes et tristes tenties-twenties. Un esprit de franche camaraderie poussé aux peuples étrangers, représentés ici par le personnel typique des westerns comiques: le chinois philosophe, le cocher noir (comme le Bernardo du Zorro littéraire) ou encore le domestique indien.
Frenchstern
Frenchstern nm: Western qui imagine un Far-West unique en son genre. Un Far-West français où l'anglais est toléré, son hégémonie disparue. Un Far-West à la Guy de Maupassant où la patronne du saloon s'appelle Le Tellier. Un Western où même la toponymie est française: Bougival Junction. Où les cow-boys viennent de France, de Corse aussi. Où l'on croise dans les allées de sable des alsaciennes et des bretonnes traditionnelles. Un Far-West français, quoi, aux drapeaux bleu-blanc-rouge.
Alors, certes, d'aucuns penseront, diront, que c'est franchouillard. Un peu mais il y a pire. Je refuse catégoriquement la mention de nanar. C'est une comédie d'une grande fantaisie, voilà tout. Après tout, Les Pétroleuses est peut-être l'un des seuls représentants d'un genre principalement italo-américain.
L'Impensable western
Les Pétroleuses est un western qui a cela d'intéressant qu'il bouscule les codes sociaux et du genre sans se vouloir une nouvelle norme: il fait surgir de l'inattendu dans un grand éclat de rire tout en proposant un face à face sexy entre deux idoles féminines.
Il parvient à faire ce que s'échinent à échouer les films metooïstes modernes pour cette simple raison qu'il n'a pas oublié que
* d'une, le rire est le propre de l'Homme
* de deux, on ne castigat mores que ridendo
La Messe est dite.