Quand on connait la carrière allemande de Fritz Lang, on ne croirait pas qu'il pouvait réaliser un western à Hollywood. Il en réalisera finalement 3 avec celui-ci : le Retour de Frank James l'année précédente qui fut son premier, et L'Ange des maudits en 1952 qui pour moi reste son plus réussi. Car force est de constater que ces Pionniers de la Western Union ne se démarque pas d'un banal western de série et reste l'un des films les moins personnels de Fritz Lang.
C'est un film de commande réalisé avec des moyens que Lang lui-même jugeait insuffisants, mais il se contente de respecter les règles et les convictions du genre, celles d'un western sans grand relief, assez mouvementé et pas désagréable à regarder, mais parfaitement anonyme. Le film manque de rythme, les acteurs n'y sont pas exceptionnels, Randolph Scott n'était pas encore entièrement une grosse vedette, Dean Jagger était jeune, John Carradine a un rôle trop épisodique, et Robert Young débutait ; seul le méchant joué par un bon Barton McLane, est bien exploité. Il y a aussi le personnage féminin qui est ici pratiquement inutile et peu exploité dans de bonnes conditions.
Cependant, on peut reconnaitre que le film illustre à sa façon une page de l'Histoire de la conquête de l'Ouest (la pose du télégraphe transcontinental) en décrivant le Far West nourri de rêves et d'illusions, tel qu'on voulait le voir, au sein de splendides paysages magnifiés par l'utilisation du Technicolor de l'époque, toujours aussi chatoyant. Un réalisme descriptif qui visait l'essor du progrès dans l'Ouest, et dans lequel transparait très légèrement la marque du réalisateur.