Les Pires se présente comme un film méta au sein d'un quartier populaire de Boulogne-sur-Mer. Le côté choral est marqué avec l'équipe de tournage, qui réalise un métrage exploitant des stéréotypes sociaux, les jeunes acteurs non-professionnels locaux et les membres d'une communauté qui ne voient forcément d'un bon œil leur quartier mis en scène dans une fiction sujette à caution. Sans révolutionner le genre, Les Pires parvient à toucher dans quelques scènes qui sonnent justes et correctement interprétées, même si l'argument de l'utilisation de comédiens non-professionnels a tendance à se banaliser et à devenir un gage d'authenticité, au mépris des compétences des "véritables" acteurs (peut-on imaginer d'autres métiers pris au sérieux avec des non-professionnels, que cela soit dans la boulangerie ou le notariat, pour ne citer que deux exemples ?). Par ailleurs, les dialogues du film sont parfois difficiles à capter, dans une langue qui use et abuse d'expressions triviales inusitées chez les plus de 30 ans (le sentiment d'être un vieux schnock dépassé est très désagréable). A part cela, dans sa réflexion sur le faux et le vrai, le réel et le factice, tels qu'enregistrés au cinéma, mais aussi par son énergie et ses ondes finalement positives, Les Pires a des arguments à faire valoir et laisse plutôt sur une bonne impression (relative), dans un créneau de plus en plus visité par le cinéma hexagonal et qui ne peut plus se prévaloir d'une réelle innocence ou originalité.