Il y a plusieurs Clint Eastwood.
Il y a ceux du "retour de l'inspecteur Harry" ou bien du "maître de guerre" ou encore de "impitoyable" que je déteste et où, pour moi, il n'y a pas grand chose à récupérer.
Il y a ceux de "La route de Madison", "Bird" , "Invictus", etc … que j'adore et qui confinent au sublime.
Et puis il y a un Clint, entre deux styles, que j'aime plus ou moins, c'est selon.
Clairement "les pleins pouvoirs" entrent dans cette catégorie avec la difficulté suivante : il est superbement réalisé, magistralement joué mais l'histoire est peu crédible. Elle tient du fantasme qui répondrait à la question : et si le président (qui nous gouverne) était un pervers ? En effet, tant que rien n'est mis sur la place publique, ce n'est pas un critère qui entre en considération lorsqu'on élit un président.
Résumons l'affaire : notre Clint est un cambrioleur de haut-vol, un as, un genre Arsène Lupin qui ne vole que les riches. Bien. Au cours du cambriolage de la maison du maître à penser et ami intime du président, il assiste à une scène très violente se terminant par le meurtre de l'épouse du propriétaire des lieux dans lequel est directement impliqué le président (Gene Hackman). Toutes les preuves et traces sont soigneusement effacées par le service de sécurité rapprochée du président. Toutes sauf l'arme du crime (!!!) qui est, bien entendu, récupérée par Clint… Tout ceci est précisé dans le premier quart d'heure.
Il n'est pas utile de citer toutes les situations, fort nombreuses, du film qui paraissent invraisemblables, restons en seulement à celle où on voit le service de sécurité rapprochée couvrir et maquiller le meurtre ; je ne parviens pas à imaginer que dans un pays occidental, démocratique où l'information circule, où les gens parlent, où les médias sont toujours à l'affût, où un homme politique (et a fortiori le président) ne peut pas faire un pas (hors de son domicile) sans que la moitié des médias ne soit sur le coup, qu'on puisse cacher bien longtemps un tel secret. D'autant plus, pour revenir au film, que ce n'est pas la première fois…
Je veux bien croire aussi qu'il y a un peu de second degré dans la scène où les deux tireurs d'élite se préparent et montent (amoureusement) leur fusil de haute précision en prenant leur temps et tirent (à vide) sur la cible.
Je veux bien voir aussi un certaine beauté dans la relation entre le père (Clint Eastwood) et sa fille.
Je peux même oublier tout ce que j'ai écrit pour ne voir qu'un bon polar où l'action est bien soutenue et où on tremble à l'idée de ce que certains malfaisants sont capables de faire pour couvrir le président. Je peux même (me) garantir que le film devient excellent…
Sacré Clint Eastwood!