Au début, j'avoue que je n'accrochais pas vraiment. Transparence énormes, souci de rythme, regard sur la guerre (de Corée) assez banal... S'il y a un minimum de savoir-faire, cela n'est clairement pas suffisant. C'est vraiment sur la durée que « Les Ponts de Toko-Ri » trouve son identité, son discours. Ce n'est pas forcément visible dans un premier temps, mais le regard n'est finalement pas si manichéen, la partie avec Grace Kelly disant quelque chose de la situation des femmes de militaires et ce que chaque parti peut alors ressentir, avec même quelques moments assez touchants.
C'est toutefois vraiment dans la dernière partie que cela sera vraiment palpable : les doutes, les interrogations constantes quant au bien-fondé de leur mission, voire carrément la légitimité de leur place dans ce conflit leur échappant à bien des égards, soit des propos complètement à contre-emploi de ceux qui semblaient se profiler. Mark Robson n'a malheureusement pas la maestria et la puissance d'un Howard Hawks ou d'un Raoul Walsh pour transcender le récit ou le rendre aussi intense, émouvant qu'espéré.
Mais le scénario est de qualité, notamment lors d'un dénouement ne cédant clairement pas à la facilité (imposé par Wiliam Holden si les producteurs ne voulaient pas qu'il se retire du projet, pour l'anecdote), les derniers instants, remettant ouvertement en cause (non sans lyrisme) cette guerre meurtrière (pléonasme) a de quoi troubler. Imparfait, mais surprenant.