Andrew McLagen signe en 1965 ce western très particulier sur la Guerre de Sécession.
En quelques mots, c'est l'histoire d'un fermier de Virginie, veuf mais en charge d'une famille nombreuse de six fils et une fille, qui ne cautionne pas cette guerre. Il ne la cautionne pas car bien qu'habitant dans un état sécessionniste, il rejette absolument le ségrégationnisme des états du sud. Malheureusement, les évènements l'obligeront à s'impliquer.
C'est James Stewart qui endosse ce rôle de patriarche un tantinet bourru mais dont la seule chose compte, c'est de préserver sa famille.
Ce western est remarquable à plusieurs titres.
Le caractère anti-guerre : le film prône le droit à la neutralité et la non-violence. La guerre ne sert qu'à remplir les cimetières ou à enrichir des profiteurs. Il importe d'ailleurs de replacer ce film dans le contexte de l'époque où les USA commencent à s'embourber dans le conflit du Vietnam. Guerre de Sécession ou guerre du Vietnam sont typiquement des guerres inutiles car tentent de s'opposer à la marche irréversible de l'Histoire.
Le western est délibérément fortement anti-raciste. Le jeune Boy (le fils cadet) joue le plus naturellement du monde avec un noir de son âge. Ce dernier est un esclave attaché à une ferme voisine. Il se libère de lui-même et on le trouve engagé dans l'armée nordiste. Le jour où il croise Boy qui est dans l'armée sudiste, blessé, il n'a de cesse de le mettre à l'abri.
Et surtout, c'est un western où les noirs parlent normalement (sans cet ignoble langage où on supprime les consonnes et qui a le don de m'exaspérer)
Le lyrisme : le film s'attache à décrire "la" vie heureuse dans une campagne paisible et fertile où les enfants adolescents jouent, les enfants plus vieux se marient, en bref où la vie n'est rythmée que par des évènements soit sans importance, soit rituels. Un point marquant du film est de mettre en avant les valeurs familiales qui sont la base des notions de droit et de devoir. Le charisme de James Stewart fait d'ailleurs passer le message facilement avec un léger humour ou second degré.
La mise en scène de McLagen est très classique surtout qu'à cette époque commencent à poindre les westerns dits modernes de Leone avec des personnages moins sympathiques, beaucoup plus équivoques et surtout plus de violence. Ici la mise en scène oscille entre émotion et mélodrame sans jamais tomber dans la mièvrerie. Cela, grâce à des scènes très fortes comprenant un peu de violence. On peut d'ailleurs mesurer à cette occasion combien ce "peu de violence" est bien plus efficace.
C'est un beau western qui développe un bel humanisme et de belles et simples idées pacifiques.