Vampires, vampires... Vous avez-dit vampires? Non parce que de nos jours, les vampires nous envahissent. Depuis l'invention du long-métrage, en fait. Plus d'un siècle de suceurs de sang qui nous pompent jusqu'aux os, qui nous traquent comme de vrais prédateurs, mais pas un seul film qui soit à la hauteur de celui-ci ( dans ce qu'il fait tout du moins ).
Porté par son jeune réalisateur au talent incontestable, Les Prédateurs est une oeuvre particulière, atypique, magnifique. Esthétique de cendres sur fond de couleur lisse, draps blancs sur corps souillés, souillés par le sang du désir et du pêché, par la crasse du combat et des coups portés. C'est cela, Les Prédateurs.
On pourra donc dire ce qu'on veut, mais le film possède une personnalité énorme, un cachet indéniable. Mené tambour battant dans ce qui s'impose rapidement comme un jeu de dupes et de meurtre, le film marque les esprits par sa violence mêlée de sensualité, par son David Bowie électrique et viscérale, qui nous sûrement là SA prestation la plus classe.
Un charisme d'enfer pour un personnage débordant de violence autant qu'il est épris de romantisme. Elle est justement là, la frontière entre le mal et le bien, entre l'homme et le vampire : dans cette atmosphère à la fois froid et chaude, dans les agissements de nos héros qui vont souvent vers la solution de facilité, souvent synonyme de réaction animale et primaire. C'est une sorte de choix à faire, de dilemme incontournable : si vous voulez vivre votre vie à jamais, il faudra tuer et se nourrir.
Terrible épopée d'âmes tourmentées sachant leur heure prochaine, Les Prédateurs touche son spectateur en plein dans le mille; il lui vend l'immortalité comme un moyen de vaincre ses peurs d'homme. C'est donc un don, mais également une malédiction, puisqu'on ne pourra clairement pas faire son Louis et manger des rats plutôt que des hommes. Le rat n'est qu'un pis aller, l'humanité le plat qui donne les crocs.
On pourra lui reprocher sa fin brouillone et tombant un peu comme un cheveu sur la soupe, mais le reste mettra bien d'accord sur le fait que le film possède sinon un certain cachet, une âme folle. Hyper-violent autant qu'il pourra être érotique, Les Prédateurs passe toujours d'un registre à l'autre sans sourciller, nous offrant une sorte de melting-pot d'amour et de pulsions meurtrières des plus efficaces. C'est beau, tout simplement. Un jeu de faim, de celui qui tuera l'autre. The Hunger Games, tout simplement.