De film en film, le cinéma de Bouli Lanners s'épure. Ici, tel un roman graphique, il suit une ligne, en dévie parfois, y revient, trace le sillon d'un western nordiste crépusculaire et naïf. Moins drôle et moins enlevé qu'Eldorado, Les premiers les derniers est un conte mélancolique entre la vie et la mort.


Avare de mots, construisant une narration précise, alternant grands espaces et lieux confinés sous une même lumière sombre, le film est mouvement, lent mouvement aux vertus initiatiques, changeant la mélancolie en lumière, la peur en espoir, l'abandon en renaissance. La naïveté est assumée dans un symbolisme enfantin alors que les interrogations sur la mort sont profondes et bouleversantes.


Bouli Lanners, Albert Dupontel et Suzanne Clément sont d'une sobriété édifiante. Entourés de seconds rôles parfaits (David Murgia, Aurore Broutin, Philippe Rebbot) et comme parrainés par Michael Lonsdale et Max von Sydow, ils sont autant de figures perdues dans un monde à peine esquissé dont on devine la fin.


Les premiers les derniers est un film parfaitement maîtrisé, trop peut-être. En ne s'abandonnant jamais, en resserrant constamment l'émotion, Bouli Lanners ne retrouve pas le lyrisme du magnifique Eldorado. On est bien sûr dans la même veine, mais en-dessous, étouffé parfois par un formalisme ostentatoire qui constitue le seul vrai bémol du film.

pierreAfeu
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le 3 févr. 2016

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