Titre bloqué : "Maybe there's only one revolution, since the beginning, the good guys against the bad guys. Question is, who are the good guys?"


Un western non-classique, la fin des années 60, une belle brochette de bonnes têtes (Claudia Cardinale, Burt Lancaster, Lee Marvin, Woody Strode, Robert Ryan) : sur le papier, "Les Professionnels" avait de la gueule. En pratique, c'est une toute autre chose.


Les intentions étaient pourtant bonnes, voire nobles : sur un canevas relativement classique (un petit groupe missionné par un riche Texan pour aller récupérer sa femme prisonnière d'un révolutionnaire mexicain), Richard Brooks emprunte sans vraiment l'annoncer des chemins de traverse. Non, la femme n'a pas du tout été enlevée, la pistolero mexicain étant son amant. On prend conscience de cette révélation dans le feu de l'action, à mi-parcours, lorsque les quatre cowboys sont en train d'exécuter leur opération de sauvetage à grand renfort de flèches explosives et de bâtons de dynamite. La femme en question, c'est Claudia Cardinale : autant dire qu'elle en impose, du haut de ses 28 ans, et constitue un beau portrait de femme forte et libre, sans en faire trop dans la témérité ou la force de caractère.


Les portraits masculins, pris individuellement, sont également intéressants. C'est pas loin du grand n'importe quoi désinvolte, avec le personnage noir qu'on croirait sorti d'une BD (avec son arc explosif), mais ça reste bon enfant. On a toutefois la désagréable sensation, une fois le voyage aller-retour effectué, que tout cela n'aura pas eu d'écho mémorable. Tout ça pour ça, en quelque sorte. Beaucoup d'embuscades et de fusillades à répétition, une célébration un peu simpliste de l'amitié, et le sous-texte subversif ne semble pas assez développé : Burt Lancaster et Lee Marvin on combattu du côté des révolutionnaires mexicains, mais la question de la morale ("Maybe there's only one revolution, since the beginning, the good guys against the bad guys. Question is, who are the good guys?") ne sera jamais véritablement exploitée.


Au final, cette histoire de manipulation ne conduit pas au climax attendu, le règlement de compte final étant assez sage et fade. Certes, on peut y lire une critique des dérives américaines en matière de politique étrangère et militaire, mais à mes yeux le film ne dépasse pas le statut de récit de commandos. On sent qu'il est question de désenchantement et d'amertume, avec des héros usés et cabossés, mais on reste très loin de films comme "La Horde sauvage" (1969). Un peu trop pépère et sans conséquence.

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le 23 déc. 2019

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Morrinson

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