Dans un gynécée du Sud, l’irruption d’un caporal nordiste mutilé dans ce pensionnat fait vaciller sa paisibilité volatile.
Dans la moiteur d'un Sud déchiré par la guerre de Sécession, Sofia Coppola nous convie à franchir les grilles de cet établissement exclusivement féminin pour un huis clos époustouflant. Elle parvient à capter la perversité de l’âme. L'étranger, tel un serpent dans l'Éden, sème le trouble au sein de cette communauté de femmes aussi bien immaculées que frustrées. Peu à peu, la tension s'insinue sous les crinolines, les regards s'électrisent, les corps s'attirent et se repoussent. La réalisatrice joue avec les silences, les non-dits, les sous-entendus, dans une atmosphère à la fois sensuelle et inquiétante. En sus, le métrage dévoile la rudesse, voire le sadisme dont peut faire preuve une dame sexuellement réprimée. La photographie, baignée de lumière crépusculaire, magnifie la beauté vénéneuse des lieux et des êtres. Les étoffes vaporeuses, les dentelles délicates, les chevelures indomptées, autant de symboles d'une féminité à la fois fragile et dangereuse. La distribution est à la hauteur de cette proposition audacieuse. NicoleKidman, en directrice austère et magnétique, irradie l'écran. Kirsten Dunst, en institutrice rêveuse et mélancolique, apporte une touche de douceur et de fragilité. Elle Fanning, en jeune fille espiègle et manipulatrice, révèle un talent prometteur. Colin Farrell, quant à lui n’est pas Clint Eastwood, incarne avec une sobriété confondante ce soldat blessé qui, peu à peu, révèle sa véritable nature. Bref, Les Proies est une œuvre fascinante et déroutante, à l'image de ses héroïnes, à la fois prédatrices et vulnérables. Un film qui ne laissera pas indifférent.