Beaucoup de films/séries sur le monde politique se focalise sur la conquête du pouvoir: House of Cards, Vice ou Baron Noir (liste non-exhaustive).
Les Promesses (2021) de Thomas Kruithof s'appuie sur cette représentation courante de la politique au cinéma pour finalement prendre le spectateur à contre-pied :
Tout d'abord, en effet, on s'imagine rapidement que le film va opter pour une fin cynique, blâmant les politiques avides et mégalomanes. Ainsi, pendant longtemps le film génère de la frustration - ce n'est pas négatif en soit (typiquement une résolution de l'histoire à l'image du mythe d'Icare aurait pu être possible ici).
Toutefois, le film veut montrer qu'il suffit de l'intégrité et du courage d'une personne pour faire changer les choses (on sort de la salle avec encore un peu de foi en l'humanité et on peut dormir plus sereinement après).
Ensuite, thème assez rare sur grand écran (plus courant dans les émissions télés type 66 Minutes) pour être souligné, le film sensibilise aux problématiques d'une copropriété dégradée. Dans ces circonstances, les locataires doivent faire face aux charges élevés et aux marchands de sommeils (bien contents d'acheter des appartements pas chères pour faire du business)
Il est intéressant de voir que le "marchand de sommeil" central dans l'histoire, ne correspond pas aux stéréotypes du genre (On est sur un modèle à la Walter White)
La situation est si alarmante que les locataires, lassés par les promesses, sont hostile à un plan d'aide (ils ont perdu foi dans les promesses de sauvetage, ils veulent la paix). Dès lors, le film se focalise sur les mécanismes politiques: les négociations, les discussions, les marchés opérés et même la corruption, à tous les niveaux, du simple particulier au Premier ministre, pour parvenir à améliorer les conditions de vies de ces locataires en détresse.
D'ailleurs, pour que le film puisse parler à tout le monde: pas de nom de ville et pas d'étiquette de parti.
Enfin, au-delà de cet aspect, comme le titre du film peut l'indiquer, le film traite des dangers des promesses en politique à tous les niveaux (l'aveuglement, l'entêtement, la colère, la frustration ou, à l'inverse, la résignation).
Petite faiblesse du scénario: on peut remarquer, à postériori, que si du départ la maire n'avait pas "une fausse promesse" aux habitants, la copropriété aurait pu faire parti du grand plan de rénovation sans heurt, il fallait juste convaincre les locataires de payer les charges en continuant à marteler le bien-fondé de l'action de la mairie; la promesse n'était donc pas nécessaire.
En définitive, le thème original et la perspective empruntée ainsi que le casting avec son duo Isabelle Huppert et Reda Kateb (qui crève l'écran), font de Les Promesses : un film rafraichissant et réjouissant à regarder, à quelques mois de l'élection présidentiel.