Connu pour sa trilogie Œuf, Lait, Miel (Ours d'Or à Berlin), le réalisateur turc Semih Kaplanoğlu en a entamé une autre dont Les promesses d'Hasan constitue le deuxième volet (le premier est inédit en France). Comme dans la plupart de ses œuvres, celui-ci se situe au cœur de la nature nourricière, filmée avec amour et en contraste avec les actions humaines, marquées par l'hypocrisie, la cupidité et la corruption. Pourtant, Hasan n'est pas un personnage antipathique, s'adaptant au marché pour vendre la récolte de ses riches vergers et manœuvrant pour éviter qu'un pylône électrique ne soit installé sur ses terres. Un tantinet trop étiré, bien que moins contemplatif que certains de ses précédents longs-métrages, Les promesses d'Hasan prend son temps pour tirer le portrait de cet homme à l'heure du bilan et de l'introspection, alors qu'un pèlerinage à La Mecque se profile. Mais avant, il lui faut se repentir et se faire pardonner ses fautes, que l'on apprend au fur et à mesure, jusqu'à la très belle scène finale. Outre des thématiques très actuelles (l'usage des pesticides, les normes européennes), le film se caractérise par plusieurs scènes appartenant au réalisme magique et très symboliques. L'acteur principal, Umut Karadağ, qui fait merveille par son élégante stature et sa finesse de jeu, permet d'atténuer les redondances du film et un aspect moralisateur parfois trop présent.