Les branleurs
Dans les pas d'André Bazin et de sa caméra stylo qui lançait l'idée d'une révolution cinématographique qui se dégagerait du formalisme du cinéma de l'époque, et qui ferait appel à un art engagé,...
le 12 juin 2015
89 j'aime
16
"Les quatre cent coups" est généralement considéré comme le premier film estampillé nouvelle vague. En 1959, François Truffaut est un jeune critique des "Cahiers du cinéma", où il condamne vertement "Une certaine tendance du cinéma français", du nom de sa célèbre tribune qui met en cause les réalisateurs de l'époque, accusés de manquer de d'authenticité, d'originalité et d'innovation, se contentant souvent d'adapter sur grand écran les œuvres classiques du patrimoine français.
C'est dans ce contexte polémique que sort le premier long-métrage de Truffaut, qui dans un premier temps avait filmé plusieurs saynètes de la vie quotidienne d'un jeune garçon à Paris, lesquelles finiront par former un scénario original.
On suit les mésaventures d'Antoine Doinel, garçonnet livré à lui-même, ballotté entre sa mère peu affectueuse et volage, son beau-père jovial mais dépassé, son sévère maître d'école, et la grande ville qui leur ouvre ses bras, à lui et à son grand copain René.
Les séquences filmées dans l'appartement familial le sont en plans serrés, montrant un Doinel confiné dans sa minuscule chambre, tandis que les plans tournés dans Paris sont beaucoup plus larges, comme si l'enfant respirait enfin...
Tout est filmé en décor réel, et les dialogues seront postsynchronisés plus tard en studio, histoire de gagner en naturel et en dynamisme.
Si "Les quatre cent coups" recèle quelques longueurs, il symbolise une nouvelle manière de faire du cinéma et consacre un auteur incontournable, capable de filmer les enfants avec un talent inné (voir la scène au spectacle Guignol), en particulier le jeune Jean-Pierre Léaud, confondant de naturel et de bonne volonté maladroite (voir la scène avec la psychologue), et qui restera l'acteur-fétiche de Truffaut tout au long de sa carrière.
Film sur l'enfance, sur la quête de liberté et sur la difficulté de grandir, "Les quatre cent coups" tend surtout à montrer que, contrairement aux croyances répandues à l'époque, un enfant ne naît pas "bon" ou "difficile", mais que ce sont les difficultés de l'existence qui le poussent à adopter un comportement jugé "déviant".
Une réalité encore bien peu partagée en 1959, notamment dans les milieux privilégiés, partisans de méthodes conservatrices et autoritaires avec la jeunesse. Le film constitue ainsi un joli pied de nez à cette vieille France confite dans ses certitudes.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de François Truffaut, Les meilleurs films avec Jean-Pierre Léaud, Les meilleurs films sur l'enfance, Les meilleurs films avec Jeanne Moreau et Les meilleurs films avec Jean-Claude Brialy
Créée
le 2 août 2015
Critique lue 393 fois
10 j'aime
D'autres avis sur Les Quatre Cents Coups
Dans les pas d'André Bazin et de sa caméra stylo qui lançait l'idée d'une révolution cinématographique qui se dégagerait du formalisme du cinéma de l'époque, et qui ferait appel à un art engagé,...
le 12 juin 2015
89 j'aime
16
J'avoue que je me suis plutôt ennuyée devant les frasques de ce gamin, ma foi sympathique, mais qui n'ont pas réveillé en moi une émotion particulière. Alors, je comprends bien que cette manière de...
Par
le 9 sept. 2019
32 j'aime
5
Avec les quatre cents coups François Truffaut filme la jeunesse avec sincérité comme on ne l'avait jamais vu en 1959, une jeunesse perdu en quête de liberté face a des problèmes familiaux ou scolaire...
Par
le 25 nov. 2013
26 j'aime
2
Du même critique
Cette fois, plus de doute, le cinéma d'Edgar Wright, quelles que soient ses qualités objectives, n'est définitivement pas pour moi. D'ailleurs je le pressentais déjà fortement (seul "Hot Fuzz"...
Par
le 20 juil. 2017
60 j'aime
15
Le magazine haut de gamme des faits divers français, qui contrairement aux (nombreux) ersatz sur la TNT, propose toujours des enquêtes sérieuses, très documentées, sachant intriguer sans tomber dans...
Par
le 2 avr. 2015
50 j'aime
11
C'est le genre de film qui me file un méchant coup de vieux : c'est bruyant, bavard, ça se veut drôle et décalé mais perso ça m'a laissé complètement froid, tant les personnages apparaissent...
Par
le 4 août 2022
49 j'aime
17