Cette avant-dernière collaboration entre John Wayne et Henry Hathaway se présente comme un pur western de divertissement. En 1965, alors que le western classique américain tire ses dernières cartouches, le Duke souhaite montrer à ses admirateurs qu’il est encore là pour défendre le genre. Plus que cela, il veut aussi montrer, après avoir vaincu un premier cancer l’année précédente, qu’il est en pleine forme. On comprend mieux, dès lors, les principales maladresses du film. Entièrement centré sur sa vedette, qui se fait désirer une dizaine de minutes, il est le seul personnage qui a une réelle épaisseur dans cette histoire. Si Dean Martin a quelques ambiguïtés à défendre, les autres en sont réduits à de simples clichés caricaturaux. C’est dommage car le méchant de service manque, du coup, de subtilité, le personnage féminin est sacrifié, tout comme quelques personnages secondaires dont on pouvait attendre davantage.
Classique à souhait, l’intrigue se déroule sans surprise et aurait sûrement mérité d’être plus tortueuse. On apprécie cependant cette variation sur la rédemption autour de cette Katie Elder omniprésente alors qu’on ne la voit jamais. Femme de bien, à sa mort, elle oblige ses fils à se remettre en question pour accomplir une vengeance qui ne s’apparente pas à un simple règlement de compte. Il y a une certaine intelligence dans cette idée, mais il est dommage que le scénario hésite entre deux directions. Durant plus d’une heure, on a droit à un film plutôt décontracté voire amusant, avant de basculer dans un ton plus noir et dramatique dans sa dernière partie. L’articulation entre ces deux tons est plutôt maladroite, Hathaway ne parvenant pas ici à se montrer à la hauteur d’un Hawks ou d’un Ford dans ce type de mariage.
Il faut enfin attendre le dernier tiers du film pour voir un peu d’action, ce qui peut être une faiblesse dans un western de de type. Ces quelques réserves étant émises, on se retrouve avec un western, certes mineur dans la carrière de son réalisateur et de sa vedette principale, mais tout à fait divertissant avec quelques scènes parfaitement maîtrisées (celle du guet-apens notamment). Les décors sont splendides et la musique d’Elmer Bernstein rappelle celle qu’il avait composée pour Les Sept mercenaires. On est loin de ce chef-d’œuvre ici mais le spectacle est au rendez-vous.