Adapté de l’œuvre la plus connu (Avec « Des souris et des hommes ») de John Steinbeck (un habitué des adaptations au cinéma), le cadre de ce récit est la Grande dépression. Comme d’autres adaptations d’œuvres de Steinbeck («Viva Zapata » où bien « À l’Est d’Eden ») ce long métrage frappe en plein cœur par la sincérité de son propos, son émotion,sa grande porté symbolique,sa puissance et par son message universel.
Le Film parle de l’attachement à ses traditions et à ses terres, où sa famille ou tous les membres ont grandit,travailler, certains y sont même morts. L’abandon des traditions (le fils d’un voisin qui détruit Les maisons pour 3 $ par jour pour subvenir aux besoins de sa famille) face à la misère et au désespoir.
La photographie est magnifique. Très très sombre globalement, comme lorsque Tom Joad retourne au logement familial après des années en prison et y retrouve une terre de désolation (on ne voit presque rien). Elle est en quelque un reflet de l’époque sombre que nombreux Américains traversent. Cette impression de désolation est renforcé par la direction artistique, on y voit une terre, qui était dans le passé belle et prospère devenu désertique, symbole de la catastrophe de la Grande dépression, peut être la période la plus sombre de l’histoire des États-Unis. L’Amérique est alors plongé dans la misère. On y voit un conflit de génération: les « anciens » bien plus attachés à leur terre, obstinés à la conserver pour y mourir, face aux jeunes, tristes de quitter leur terre mais réaliste sur la gravité de la situation.
Le Film raconte également les histoires, à travers le portrait de la famille Joad, d’honnêtes gens cherchant juste à trouver le bonheur et un toit, sans recherche du profit ni de la richesse, alors que de puissants grands propriétaires n’ont que ça en tête. On peut y voir une critique du capitalisme et de la recherche extrême du profit, même lorsque des vies sont en jeu (il fut d’ailleurs exploité en URSS pour cette raison, les autorités soviétiques voyant l’occasion de fustiger le capitalisme). L’individualisme ambiant est dénoncé tout au long du métrage. La scène où la mère de Tom regarde des souvenirs du passé qu’elles abandonnent (une carte postale de la statue de la liberté/de belles boucles d’oreilles) est assez poignante: elle se regarde, après avoir mis ses boucles d’oreilles (qu’elle a dû acquérir à une époque lointaine et plus prospère) elle se regarde dans le reflet poussiéreux d’une vitre (un miroir?) voyant les dégâts du temps, sur elle et sa situation sociale. Après ce triste constat, elle est plus que décider pour rejoindre la Californie. Cet technique est réutilisé plus tard dans le Film, lorsque Tom et deux autres membres de sa famille sont à l’avant du camion, John Ford ne les filme pas de manière classique, il les filme comme si ils n’étaient plus que l’ombre d’eux même. Le Film évoque également des thèmes autour de la perte (matérielle ou humaine) et comment les surmonter grâce à l’espoir et au courage. On peut également renvoyer le Film et l’évolution du récit à un épisode biblique: l’exode, à la recherche la quête d’une terre promise. Tout au long du récit, la photographie évolue devenant de plus en plus Claire, renforçant cette idée de Terre Promise, illuminant le chemin de ses futurs habitants.
L’OST, assez douce et monotone, m’a beaucoup rappelé d’autres films récents comme certains Eastwood («Impitoyable »,« Million Dollar Baby » où le très récent « La Mule ») ou même le chef d’œuvre de Michael Cimino « Voyage au bout de l’Enfer ».
Pour ce qui est des acteurs, Henry Fonda est excellent, un des meilleurs rôles. Je vois en ce rôle une grande sincérité lorsque Fonda incarne ce personnage complexe et déchiré par la tournure des événements et son passé. Une nouvelle fois Fonda incarne un homme profondément bon, mais plus nuancé que d’autres de ses personnages (je pense à ceux du « Faux Coupable » et de « 12 Hommes en Colère ») les événements de son passé et de l’intrigue expliquant ce côté plus nuancé. Jane Darwell en « Mama » Joad et John Carradine en ancien pasteur sont très bon. La scène d’adieu que jouent Darwell et Fonda est une leçon d’acting, tout simplement bouleversant.
« I’ll we be there »