Les Raisins de la colère est l'adaptation d'un roman à succès de John Steinbeck, qui remporta le prix Pulitzer en 1940. Il était donc logique d'utiliser ce matériel pour en faire un long métrage et le résultat final fut à la hauteur des attentes des studios, c'est le moins qu'on puisse dire. Pour preuve, Henry Fonda fut nominé aux Oscars (mais non oscarisé) pour sa performance d'acteur, tout comme Jane Darwell (oscarisée) qui joue sa mère à l'écran, ainsi que John Ford (oscarisé lui aussi) pour sa réalisation.
Nous sommes aux Etats-Unis, en pleine période de la Grande Dépression des années 30. Les Joad sont une famille d'agriculteurs ayant connu des jours meilleurs, bien meilleurs ... ils ne sont pas justes pauvres, ils sont extrêmement pauvres. La politique du moment est simple : "chassez ces pauvres que je ne saurais voir !". Ils décident donc "contraints et forcés" de quitter le Midwest pour se rendre en Californie, histoire de trouver des terres plus accueillantes.
C'est impossible de ne pas être touché par la famille Joad. Tous les personnages sont tellement tristes et en même temps si courageux. Malgré tous les malheurs possibles (un peu trop, peut-être ?) qui s'abattent sur eux, Ils se montrent toujours dignes. Ils n’abandonnent jamais et continuent de se battre. En regardant ce film, on a envie de se joindre à eux pour partager leurs malheurs.
Les situations dramatiques sont innombrables dans ce film et elles sont très fortes d'un point de vue émotionnel. La façon dont les familles sont chassées de chez elles, les "funérailles" du grand-père, la conversation mère - fils (Jane Darwell - Henry Fonda) vers la fin ... toutes ces scènes et bien d'autres encore, que je ne vais pas vous révéler ici (pour pas spoiler), sont des indicateurs du drame qui se prépare.
Le portrait de Tom Joad, joué par Henry Fonda, est l’un des personnages de cinéma les plus beaux que j'ai vu, que ce soit d'un point de vue moral mais aussi physique ... jamais Henry Fonda n'aura été aussi beau à l’écran. Henry Fonda est absolument brillant et on se demande comment c'est possible, qu'il n'ait pas remporté l'Oscar de la meilleure performance pour ce rôle !?
Les seules limites que j'ai avec ce film, c'est que parfois c'est un peu too much dans le misérabilisme. Je ne mets pas en doute la sincérité et l'intention de l'auteur du roman, mais parfois il va trop loin dans les effets dramatiques et du coup, ça parait un peu artificiel. Pour autant que John Steinbeck soit vénéré, que son histoire soit à ce point poignante et à laquelle beaucoup à l’époque pouvaient s’identifier ... peut-être aurait-il été préférable d'appuyer un peu moins fort sur le misérabilisme. Même si en ces temps difficiles, les rapports humains étaient durs, un peu de joie pour les personnages en dehors du cercle familial aurait été la bienvenue. Alors certes, on entrevoit une éclaircie vers la fin ... mais ça ne va pas durer.
Il n'en reste pas moins que Les Raisins de la colère est un film très fort émotionnellement, très émouvant et très poignant (oui, je sais ... ça fait beaucoup de "très" ^^). John Ford et les acteurs ont donné le meilleur d'eux même pour rendre justice à cette magnifique, quoique très triste, histoire.