"La Mort a pour moi le visage d'une enfant" chantait Serge Gainsbourg pour les besoins de l'excellente bande originale de Cannabis, réalisé en 1970 par Pierre Koralnik. Le musicien provocateur ne pouvait pas mieux narrer son propos pour inspirer ce court-métrage à Olivier Megaton.

Film de commande produit en début d'année 2000 par la chaîne 13ème Rue, Doggy Dog fait partie d'un programme de 13 courts, intitulé Les Redoutables, où quelques cinéastes chevronnés tels que Claude Chabrol, Georges Lautner, Yves Boisset, mais aussi Bernie Bonvoisin, chanteur du groupe Trust, et quelques nouveaux venus de l'époque comme Laurent Bouhnik, Thierry Barthes, Pierre Jamin ou encore Olivier Megaton acceptent une proposition du directeur artistique de la chaîne, Mathieu Guillermo. Ce dernier a établi une trame où la Mort décide de se distraire et où l'humour noir, l'action et le suspens sont imposés dans cet exercice de style : chaque histoire doit impérativement être pleine d'imprévus et se clore par un twist inattendu. Pour ce faire, la distribution est toute aussi prestigieuse puisque Marion Cotillard, Astrid Veillon, Alexandra Vandernoot, Mathilda May, Hélène Vincent, Hippolyte Girardot, Manuel Blanc et Bernard-Pierre Donnadieu se partagent les rôles. 10 millions € se voient attribués pour l'ensemble des 13 films, contribuant ainsi à un confortable apport en terme de créativité.

Avec cette fillette solitaire prise en stop par un couple en profond conflit (chaque réplique est assénée de violentes insultes de part et d'autre), Olivier Megaton personnifie un peu plus la sordidité de ses premières œuvres sous la forme d'une enfant nonchalante, manipulatrice et avide d'abjection meurtrière. Pour les spectateurs, la compréhension de l'histoire se déroule en temps réel face à des protagonistes aussi détestables que puérils dont on ne sait strictement rien et que le scénario dévoile peu à peu. Et en à peine 10 minutes, Megaton remporte l'adhésion avec une violence brutalement décochée sous les yeux d'une fillette qui se régale des hurlements prodigués par Shelley Duvall dans Shining qui se voit projeté à la télévision. Un véritable exercice de style propre à ceux de nombreux jeunes cinéastes des années 1990, biberonnés aux films de Kubrick, Argento et Lynch.

Cerise sur le gâteau, Marion Cotillard s'impose vaillamment dans sa tristesse et sa colère, accentuées par l'influence toxique d'une gamine à qui l'on donnerait pourtant le bon Dieu sans confession.

Car oui, ici, la Mort a véritablement le visage d'une enfant.

candygirl_
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes films / BD & DVD et Films visionnés en 2025

Créée

il y a 6 jours

Critique lue 4 fois

4 j'aime

candygirl_

Écrit par

Critique lue 4 fois

4

Du même critique

Voleuses
candygirl_
5

French Cat's Eye

Adaptation filmique de la BD franco-belge La Grande Odalisque, elle-même très inspirée par le manga Cat's Eye, Voleuses est un divertissement made in France qui vise essentiellement le grand public...

le 1 nov. 2023

29 j'aime

2

Nosferatu
candygirl_
8

Seigneur et saigneur

Dans une vieille interview, Terence Fisher affirmait que la principale origine du vampire dans la culture occidentale remonte à l’apparition du serpent qui, dans la Bible, tente Ève et lui fait...

le 26 déc. 2024

13 j'aime

6

Rue Barbare
candygirl_
7

Y'a peut-être un ailleurs...

J'avoue ne pas comprendre le principal reproche fait à Rue Barbare. "Ça a vieilli" peut-on lire de-ci de-là. Bah oui, normal, le film fêtant ses 40 ans cette année, il n'est plus tout jeune...Au-delà...

le 21 sept. 2024

10 j'aime

7