Sans la moindre préoccupation esthétique (mouvements de caméra très simples, utilisation de la lumière naturelle), Eric Rohmer développe à travers trois histoires dissemblables, mais d'un commun esprit, le mystère de la formation ou de la déformation du sentiment amoureux. Sans qu'on puisse parler de variations sur un thème précis, les sujets de Rohmer se fondent en partie sur la notion de hasard et sur le syndrome de l'infidélité. Le cinéaste montre une certaine malice à faire et défaire des amours éphémères qui, finalement, ne sont à l'évidence que des moments de séduction voués à se perdre au hasard des péripéties de la vie ou au gré des états d'âme des uns et des autres.
L'aptitude des personnages à s'introspecter ou à discourir, toujours de façon improbablement littéraire, participe une nouvelle fois de l'éloquence précise de Rohmer, lequel a décidément l'habileté ou le don d'épargner à ces jeunes personnes, invariablement cultivées et bavardes, toute dérive pédante. Avec des mots et quelques situations extrêmement simples, Rohmer les rend attachantes et charmantes, naturelles et sincères.