Il y a de quoi devenir nostalgique des grands classiques hollywoodiens de l'ère "pré-blockbusters". Car "Les révoltés du Bounty" deuxième du nom offre un spectacle grandiose à la mesure de ses moyens colossaux, sans négliger l'intelligence de son propos ni de ses personnages - et encore moins celle des spectateurs, ce qui est de plus en plus rare. Chose toute aussi rare, plus de cinquante ans après sa sortie, le film n'a pas pris la moindre ridule. Ni dans sa réalisation, ample et moderne, ni dans sa capacité impressionnante à relever le défi technologique évident qui se présente à lui. S'il détonne par son ingéniosité visuelle, il se démarque aussi par son traitement narratif. Le héros n'est pas un chevalier blanc mais un personnage tout ce qu'il y a de plus humain, partagé entre égoïsme et compassion, et qui ne changera finalement de position que lorsqu'il aura été place lui-même au pied du mur. Ainsi, le scénario nous confronte à des implications morales sans cesse complexes qui interrogent les notions de pouvoir, de courage, de justice.
Si le personnage de Trevor Howard aurait gagné à être traité avec moins de manichéisme, l'acteur excelle face à un Brando encore une fois au top. Enfin, comment ne pas citer les compositions grandioses de Bronislau Kaper et la splendide photo de Robert Surtees, malgré des transitions studios-extérieurs encore visibles.