Les Ripoux

La question que je me pose après avoir revu une énième fois ce film (comme les deux autres opus, d'ailleurs) : serait-il possible de réaliser un tel film aujourd'hui sans que la ligue Tartempion ou la ligue Antitout tente de s'y opposer par des campagnes scandalisées bien ciblées sur les réseaux sociaux avec manifestations à l'appui ?

Parce que le film relate une "tranche de vie" du commissariat du XVIIIème arrondissement de Paris, un des quartiers chauds de la capitale. Mais quand on sait que la "tranche de vie" en question concerne un vieux flic dépenaillé (Philippe Noiret) qui est essentiellement préoccupé par les courses de chevaux et par encaisser des (petits) pots de vins contre une attitude bienveillante, on est très vite dans le politiquement incorrect.

Si je rajoute que le même vieux flic dépenaillé vit avec une ancienne prostituée, alors l'affaire est entendue.

Là où l'affaire va se corser (sans vilain jeu de mot avec les départements 2A et 2B), c'est qu'il va faire équipe avec un jeune élève-inspecteur (Thierry Lhermitte), issu d'Épinal (là où il n'y a que des belles images). Et que notre jeune puceau va commencer par se choquer et vouloir faire preuve de toutes ses connaissances théoriques et procédurales. Puis son mentor (Noiret) va l'odieusement pervertir. Sauf qu'il va sacrément aimer ça, le bougre, et même rapidement dépasser le maître en gourmandise. Lui, comme il est jeune et ambitieux, il voit tout de suite plus grand tandis que le vieux schnock fait dans le gagne-petit pour s'assurer une bonne retraite sou après sou. Mais non, cet argent, il va le placer dans la grande institution nationale qu'est le PMU… Quand même.

Comme lui dit son maître, il y a un monde entre la théorie (apprise à l'école) et la pratique (si on veut se faire sa place sur le terrain et surtout la conserver longtemps).

On y apprend plein de trucs utiles comme "comment frapper quelqu'un sans laisser de traces" ou encore "comment obtenir des renseignements calmement en libérant le délinquant qui a été "serré" (parfois malencontreusement).

Le casting est parfait pour servir cette comédie débridée avec un Noiret, philosophe ou gourou et un Lhermitte en apprentissage ou en fidèle.

Grace de Capitani, comme son prénom l'indique, est superbe et fort séduisante. Difficile de ne pas succomber (à la tentation).

Et tous ces seconds rôles bien mis en valeur qui sont de vraies tronches du cinéma, Julien Guiomar en commissaire "pur et dur", Claude Brosset en "cow-boy", Ticky Holgado, Pierre Frag, Régine, Jacques Ciron ("un petit cigare, messieurs ? Pourquoi petit"), Henri Attal, …

Ce qui ressort de ce film c'est l'impertinence des personnages et des situations : c'est une comédie réjouissante et comme elle est bien mise en scène dans ce quartier parisien tout en escaliers et bien jouée, elle reste très crédible.