Qu'est ce qu'il se défend mal M. Doucet (on dirait un alias de Christian Ranucci) et qu'est ce qu'elles sont menteuses ces jeunes filles, avec leurs yeux clairs magnifiques, leurs belles nattes et leurs bouilles de mijaurées, cachant un air si sardonique !
Cette plongée dans les années 60 nous donne un portrait saisissant de l'éducation à cette époque. La liberté pour les jeunes filles était tellement restreinte, qu'elles en venaient à mentir pour protéger leurs escapades. La complicité aidant, elles se couvraient les unes les autres, versant dans un mensonge collectif difficile à démêler.
Et qui est la victime là-dedans ? Ce pauvre brave instituteur !
Bon, il l'avait quand même un peu cherché M. Doucet. Il était beau, gentil, exerçant tous les fantasmes, mais surtout, il avait commis une grande erreur : celui d'humilier la belle Catherine, la ramenant à son rang de petite fille. Le point de départ d'un mythomanie collective, largement relayée par les parents et la flicaille, pas très maline, il faut bien le dire ...
Heureusement qu'il a sa femme M. Doucet, sinon, il était bon pour les travaux forcés à perpétuité ! Mme Doucet (interprété par la toujours brillante Emmanuelle Riva), fidèle à son mari, n'ayant aucun doute sur sa culpabilité, se transforme en enquêtrice bienveillante, qui fera basculer l'affaire.
Il faut voir Jaques Brel, avec sa gueule chevaline et son corps svelte, athlétique, s'adressant à ses élèves avec un équilibre très juste d'autorité, d'empathie et de connivence ! Il est superbe ! La chute sera d'autant plus rude.
Il est intéressant de comparer ce film à La chasse, basé sur le même thème, 45 ans après.