Pas toujours très fidèle au roman de Jean Christophe Grangé (qui rappelons-le fut le scénariste de... Vidocq), le film de Mathieu Kassovitz est un thriller d'excellente facture. Il réussit à retranscrire une atmosphère glauque à souhait, mâtinée d'eugénisme et de cadavres aux membres manquants. D'autant qu'il arrive dans une période où bons nombres de thriller voulaient réitérer l'exploit de Seven (David Fincher, 1995) avec la traque d'un tueur en série par des policiers dans une ambiance sordide. Les rivières pourpres est un des rares exemples positifs.
Le tout servi par un duo Jean Reno / Vincent Cassel qui fonctionne du tonnerre. D'autant que l'intrigue nous amène à nous familiariser avec chacun avant de les rassembler. Jean Reno est un commissaire avec une certaine expérience et une réputation acquise au fil du temps. Cassel se révèle être un chien fou capable d'exploser à tout moment, comme lors de cette impayable baston avec des skinheads sur fond de Street fighter.
Il semblerait que Kassovitz se soit ruiné dans le cadavre du début, mais au final le reste du film tient largement la route, allant de la poursuite nocturne en voitures à celle à pieds et sous la pluie totalement délirante entre Cassel et le tueur. Un tueur qui cache bien son jeu, malgré les pistes diverses, permettant de tenir en haleine le spectateur jusqu'au dernier acte.
Les rivières pourpres avait très bien marché à l'époque (plus de 3 millions d'entrées) et cela se comprend tant il est efficace. On se serait toutefois bien passé de la bouse qui lui sert de suite, sponsorisée Tonton Besson (Les anges de l'apocalypse d'Olivier Dahan, 2004). Au mieux, on pourra en rigoler, au pire essayer d'oublier que ce fut un des derniers films de Christopher Lee (et de Johnny). La série diffusée sur France 2 (2018-) a visiblement plu à l'équipe de Nanarland.