« Les Robinsons des mers du Sud » est un film des studios Disney de 1960, adapté du roman d’aventures « Robinson suisse », c’est aussi l’œuvre qui est à l’origine de l’Arbre Robinson du parc Disney Land Resort Paris.
Après un naufrage, une famille doit survivre sur une île inhabitée dans l’ouest de l’Océan Pacifique. Le film est très soigné, mais les ficelles de l’histoire sont un peu trop grosses et certaines méthodes paraissent franchement discutables (j'y reviendrais).
Quelques hasards de l’histoire sont un peu tirés par les cheveux. La jeune fille déguisée en mousse, est un parfait exemple : les parents de la famille naufragée s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants sur cette île dépourvue de présence féminine, quand tout à coup, un mousse débarque et révèle qu’il est en réalité une séduisante jeune femme. L'histoire apporte son lot d'incohérence au profit du spectaculaire et de l'action, c'est le cas lorsqu'un petit bateau pirate accoste sur l’île, et que les pirates qui en sortent sont beaucoup trop nombreux pour que ce soit crédible. Des exemples comme celui-ci, il y en a plusieurs, et témoignent d’un manque flagrant d’originalité et de cohérence, malheureusement.
Les trucages sont très réussis, pour un film de 1960. L’épave du bateau est bluffante, tout comme la scène du débarquement des Robinson. Les décors sont somptueux, leur cabane perchée sur l’arbre est splendide.
La bande-son n’a rien de particulier et ne témoigne d’aucune prétention, c’est dommage.
La présence des nombreux animaux, et surtout les scènes violentes dont ils font l’objet, est un vrai problème pour moi, et je dois dire que j’ai revu ma note à la baisse à cause de cela. Un âne, un zèbre, un éléphanteau, et une autruche comme monture passent encore, mais lorsque l’exploit est reproduit avec une tortue, je dois dire que j’ai les dents qui grincent. Pareil, lorsque je vois deux chiens qui se battent contre un tigre. Même si les bêtes sont dressées, il ne faut pas oublier qu’à l’évidence le tigre aura fait les frais d’une préparation pour ce genre de confrontation, ça ne m’étonnerait pas qu’on lui ait arraché les griffes, par exemple. Si cela reste une supposition, que dire de cette scène où le tigre fait une chute dans une fosse de cinq mètres… Bon, avec tout ça, je suis allé me renseigner un minimum sur cet aspect de la production, et je n’ai rien trouvé pour me rassurer, bien au contraire : 14 dresseurs, 500 animaux déportés pour le tournage, des animaux préparés à la dernière minute, la nuit pour le lendemain, construction d’un zoo temporaire… bref, on imagine très bien que les animaux ont du pâtir de ces conditions, et que de tels recours seraient bien difficile à mettre en place dans le cinéma actuel, heureusement plus soucieux du bien-être animal. Il va de soi que l’avertissement « Aucun animal n’a été blessé durant ce tournage » aurait eu du mal à trouver sa place au générique de cette production. Même si je sais que ces bêtes sont mortes depuis bien longtemps, le fait de me demander si elles ont été malmenées ou non me gâche le spectacle.
Les acteurs sont bons, ceux que j’ai déjà vus dans des productions passés, semblent avoir amélioré leurs jeux. C’est le cas de Dorothy McGuire (la mère Robinson) qui parait moins cruche que dans « Fidèle Vagabond ». Tommy Kirk (Ernest) s’améliore de film en film. Kevin Corcoran (Franz) a déjà prouvé qu’il a un don inné. Janet Munro (Roberta) joue un rôle qui casse les codes au départ, en interprétant une femme forte et indépendante, puis retombe malheureusement dans les travers des mœurs de l’époque, en redevenant ce que la société veut qu’elle soit, une femme à marier. John Mills (le père Robinson) n’est pas exceptionnel. James MacArthur (Fritz) s’en sort plutôt bien.
D’une manière globale, j’ai apprécié le film, mais je l’ai trouvé parfois trop caricatural, dans la description des personnages comme dans l’intrigue de l’histoire. Certaines scènes sont tout simplement grotesques. L’œuvre manque de crédibilité. Toutefois, la magie du contexte et la beauté des décors et des paysages font de cette aventure un beau voyage pour le téléspectateur. Si on aime trop les animaux, on pourra amplement trouver de quoi critiquer la production, ce que je ne me suis pas gêner de faire malgré ma passion pour le studio. J’espère, en tout cas, que je me trompe, et que les dresseurs ont veillé au bien-être de ces intervenants à plumes et à poils, mais vu le résultat, on est en droit d’en douter fortement. En dépit de cela, l’œuvre reste distractive, et les autres aspects sont honorables.